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LE SERVITEUR

t’écoute marcher. Tes pas tantôt font craquer le plafond, tantôt roulent sourdement comme le tonnerre des cieux.

Il y a peut-être plus d’un siècle que la cave fut creusée dans le roc. On y entre de plain-pied. La voûte en est cintrée comme celle d’une église. En été, le vin y est au frais. Dans la saison des pluies, une source, au fond, détrempe le sol battu et vient remplir, dehors, près de la porte, un creux taillé dans le roc où les poules boivent. J’aime la cave pour tout ce qu’elle renferme. Il y a tant de choses que j’ai peur de m’y aventurer. Il y a certainement des araignées à l’affût au centre de leurs toiles, ou suspendues au bout de leurs fils qui ne cassent jamais, mais peuvent s’allonger indéfiniment. Près de la source, il doit y avoir des crapauds. Lever des pierres humides, remuer ces caisses pleines de charbon de bois, de pommes de terre, pour effleurer quelque chose de mou qui sent mauvais ? Certes non !

Quand j’entre, je n’y vois goutte. Le coffre des carottes se dessine. Voici la pelle, la bêche, le râteau, les angles de la pile de bois, le tas de fagots. L’ombre s’enfuit par le soupirail, comme