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LA SPÉCULATION
ET
LE CALCUL DES PROBABILITÉS




CHAPITRE I.

LOI DE LA PROBABILITÉ.



1. Dans la théorie de la spéculation on considère les variations du cours d’une valeur donnée, valeur à vaste marché. Pour fixer les idées, nous la nommerons la rente.

On suppose que les variations de ce cours sont dues au hasard, et le problème fondamental consiste à chercher la probabilité pour que, à une époque déterminée, le cours diffère d’une quantité donnée du cours actuel.

En disant que les variations des cours sont dues au hasard, on veut exprimer que, par suite de l’excessive complexité des causes qui produisent ces variations, tout se passe, en réalité, comme si le hasard agissait seul.

Dans la théorie de la spéculation on se garde donc bien d’entreprendre l’analyse des causes qui peuvent agir sur les cours : cette recherche serait vaine et ne pourrait conduire qu’à des erreurs. C’est précisément parce que l’on veut tout ignorer qu’il est possible de savoir, c’est précisément parce que cette étude semble d’une complication inextricable qu’elle est, en réalité, d’une grande simplicité.


2. Variation et instabilité. — Nous considérons donc une certaine valeur que nous nommerons la rente.

Plaçons-nous en un instant déterminé : le cours coté à cet