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DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES V

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A, voyelle, et première lettre de l’alphabet dans presque toutes les langues anciennes et modernes. C’est le son dont l’émission parait la plus naturelle, le premier qui sorte de la bouche des enfants, et l’un de ceux qui échappent le plus fréquemment à. l’homme dans les mouvements soudains de la surprise, de l’admiration, de la joie, etc. Comme première lettre de l’alphabet, A en grec (alpha) a été employé par S*.lean dans l’Apocalypse pour exprimer l’idée de commencement, et la dernière des lettres, Q (oméga), pour exprimer l’idée de fin, quand il faitdire à Dieu : Je suis l’Alpha et l’oméga. L’us’age de la lettre A est moins fréquent en français que dans les langues du midi de l’Europe (espagnol et italien) et dans certaines langues orientales (le sanscrit, l’arménien) : toutefois, on a calculé que le 12° environ des mots français commence par cette lettre. L’A est une des finales les plus communes dans les langues méridionales et dans ’fidiome russe. - Dans la prononciation, A n’a pas un son constamment identique ? Ainsi, en anglais, on lui reconnaît trois valeurs différentes (a, au, è) ; en français, on n’en distingue généralement que deux, a bref et a long (amas, matin, matin). Les Lutins, our mar uer l’a long, l’écrivirent souvent double (aafh pour dia), ainsi qu’on le voit encore dans les anciens auteurs français (aage pour ÿge) ; ou bien ils mirent le signe de la syllabe longue (ala). En français, l’accent circonflexe a. le même emploi.

Au point de vue de la composition de certains mots, l’A initial, dans le sanscrit, le grec, le latin, et les langues qui en dérivent, indique retranchement, suppression, et est dit privatif : par exemple, en français dérivé du grec, athée, sans Dieu ; en latin, amens, sans raison, insensé. En anglais, l’a initial donne souvent aux mots un sens adverbial : new, nouveau, anew, ’de nouveau ; shore, rivage, ashore, å terre ; board, bord, aboard, a bord ; slope, pente, aslope, en pente ; side, côté, aside, de côté, etc. Signe de numération, A valut 1 chez les Orientaux, même chez les Arabes après l’invention des chiiïres. L’alpha des Grecs, surmonté d’un accent (oi), valait 1 ; avec l’accent en dessous (qt), 1,000. Chez les Romains, avant l’adoption du D pour cet usage, A représentait le nombre 500, et, avec un trait horizontal en dessus C), 5,000. Dans le calendrier roma.in, A était la 1" des huit lettres numiinales (V. NuNnmas, dans notre Dict. de biographie et d’histoire), qui servaient à. désigner les jours de marché. Depuis l’établissement du christianisme, c’est la 1" des sept lettres dominicales (V. ce mot dans notre Dict. de biographie et d’histoire), c.-à-d. la lettre dominicale des années dont le 1" dimanche tombe le 1er janvier. Chez les Grecs, le son de la lettre A, prononcée par les prêtres pendant le sacrifice, était regardé comme de mauvais augure, parce que cette lettre était l’initiale d’àpa (malédiction). Au contraire, c’était, aux yeux des Ilomains, une lettre favorable, littera salutaires (une lettre »

A

qui sauve), parce que, dans leurs tribunaux, les bulletins en faveur de l’accusé étaient marqués d’un A, initiale d’absoloo (j’absous). C’est seulement eu égard à l’harmonie du discours, que Cicéron (Traité de l’orateur, chap. 149) qualifie l’A de lettre désagréable, insuavisszma littera, quand le retour en est trop fréquent. Dans les comices de Rome, un bulletin portant la lettre A Signifiait antiquam volo (je m’en tiens a l’ancienne loi), et exprimait un vote négatif. *

Dans les abréviations, A se met, choz les anciens, pour Aulas, Augustus, armus, etc. ; chez les modernes, pour Altesse, etc. A. A. C. signifie anno ante Christum ; A. D¿, armo Domini, - A. K., ante Icalendas ; A. M., anna man-dt ; A. U. C., armo urbis conditœ.

En logique, d’après les règles que la philosophie scolastique avait établies pour le syllogisme, la lettreA des mots barbara, celarent, clarii, etc., indiquait une proposition générale aflîrmative, ainsi qu’on le voit dans ces vers :

Asserit A, negat E, vernm généra liter ambo ; Asserit 1, negat 0, secl particulunter ambo. La lettre A a été aussi employée comme signe de musique. Chez les Grecs, qui se servaient des lettres de l’alphabet pour désigner les tons de leur échelle et les cordes de leurs instruments, elle désignait, selon les uns, la 1" note du 4° tétracorde, dit hyperboréen ; selon les autres, la parhypate, le ton le plus bas de l’échelle. Chez les modernes, elle désigna la note la, 6° note de notre échelle diatonique naturelle ; ainsi, on disait z un cor en A, une clarinette en A, une trompette en A, un morceau en A. Dans la notation allemande, A majuscule désigne le la de la 1f¢ octave ; a, celui de la 2°’ ; ã, celui de la 3¢ ; ã, celui de la 4°. (V. Sonmrsarxou). Écrit sur une partition, A indique la partie d’alto ou de contralto. En numismatique, l’A placé au revers de quelques médailles grecques ou du Bas-Empire indique le nom de la ville où elles furent frappées (Athènes, Argos, Antioche, Aquilée, Arles, etc.). Sur les monnaies françaises, A marque la fabrique de Paris ; et autrefois AA, celle de lvletz. Dans le commerce, A, sur une lettre de change, indique que cette lettre est acceptée ; A. P., sur un billet, veut dire à protester. B-ABA

ou ABATS, costume oriental, en drap grossier, consistant en une sorte de redingote sans manches, avec un large pantalon, et porté en Turquie par les soldats, les matelots et les indigents. Objet autrefois d’un commerce d’exportation considérable à Saloniki, on l’appelle encore Salonilca. Marseille en expédiait de grandes quantités aux Antilles pour Phabillement des nègres. ABACOT, ancienne coilïure des rois d’Angleterre, en forme de double couronne.

ABACULE. V. Amour.

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