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du pays, et en même *temps dignes de la religion chrétienne. L’ogive apparaît, les voûtes s’allégíssent et s’élèvent ; on parvient a faire plus avec moins de matériaux. De l’ogive sort un système complet d’architecture qui est la gloire des loges maçonniques (V. ce mot) ; non qu’elles l’aient inventé, car on voit ce système employé dans les monuments français avant qu’il pénétrat en Allemagne ; mais, l’adoptant pleinement, elles ont fait du style ogival le style de toutes leurs productions artistiques. Leurs œuvres principales sont : les cathédrales de Meissen, de Magdebourg, de Marbourg, dont les formes sont encore simples et dépourvues d’ornements ; puis, des monuments plus élégants ef plus ornés, les cathédrales de Cologne, de Strasbourg, de Fribourg, de S’-Étienne à Vienne (V. Conocnz, Fnnsounc, Srmisnounc, Vnznnn), les églises S’~Laurent, S’-Sébald et S"-Marie à Nuremberg, les cathédrales de Goslar, de Kœnigsberg, d’oppenheim. Le style ogival se perpétua pendant plusieurs siècles, et l’on vit encore s’élever, aux xrvv et xv* siècles, la cathédrale d’Ulm (V. ce mot), celles de Bamberg, d*Insprück, de Berne, SE-Ulrich d’Augsbourg, les églises de Landshut, de Hall, d’OEttingen, de Salzbourg, la tour S”-Elisabeth a Breslau, etc. L’architecture allemande du moyen âge ’ exerça une certaine influence sur l’Italie : les plans d’un Allemand nommé Jacob furent adoptés pour l’église d’Assise ; Guillaume d’Insprück éleva, avec Bonanno, la tour de Pise ; le dome de Milan fut, du moins quant a son plan primitif, l’œuvre d’Arler de Gemunden, et d’autres Allemands, Jean Fernach, Ulrich de Freisingen, flammerer, travaillèrent à cette église ; d’autres encore furent employés aux cathédrales de Sienne, de Spolète et d’orviéto. Uarchitecture civile suivit le mouvement politique : elle se développa avec la puissance des villes, qui se construisirent des palais communaux ou hôtels de ville, des beffrois, des halles et des boucheries, des entrepôts, des ponts, des fontaines, des hôpitaux. Les quatre grands ponts de Lucerne, de Ratisbonne, de Dresde, et de Prague font encore notre, admiration. La confrérie des ponts (Brückenbrtlder) se consacrait à la construction et à l’entretien des ponts, des bacs, des routes, et des hospices. Enfin l’Ordre teutonique fit exécuter en Prusse d’immenses travaux, tels que châteaux, puits, canaux, etc., qui existent encore.

Les troubles religieux de la Réformation amenèrent un temps d’arrét dans les travaux, et comme les ateliers de construction étaient les seules écoles de l’art, il en résulte qu’après leur fermeture la théorie manqua en même temps que la pratique. Toutefois, l’accroissement. de la maison d’Autriche, souveraine d’une partie de l’Italie, augmenta les rapports entre les deux pays : l’It.alie étant alors en pleine voie de renaissance classique, l’Allemagne l’imita, et adopta le style qu’elle appela italique. Les princes employèrent à l’envi des architectes italiens ou élevés dans les écoles d’Italie, et l’art national se perdit de plus en plus sous l’influence étrangère. En 1507, Wolfgang Müller érigea l’église dite des Jésuites à Munich, et y adopte les ordres corinthien et ionique. En 1600, le duc de Bavière, Maximilien Ier, fit construire son splendide palais par Pierre de Witte, Flamand italianisé sous le nom de Canclido. En 1675, un Bolognais, Barella, éleva à Munich l’église des Théatins. Élie Holl batit cependant avec plus d’originalité la maison de ville d’Augsbourg (V. ce mot). Fischer d’Erlach décora Vienne de somptueux palais et de grandes églises. L’exemple de Louis XIV excita les princes allemands à construire de magnifiques résidences, trop souvent en disproportion avec le peu d’étendue de leurs domaines : à Stuttgard, à Bastadt, ù Manheim, on imita avec plus ou moins de fidélité le château de Versailles. A Berlin, Frédéric-Guillaume se fit construire par Schulter un palais vraiment royal, terminé en 1716. On finit par tomber dans le style baroque qui marqua le règne de Louis XV en France. Vers la fin du xvnx° siècle, les esprits étaient ramenés vers l’étude sérieuse de l’antiquité par Raphaël Mengs, Lessing et Winckelmann, qui régénérèrent l’art en lui donnant pour base la science archéologique. Weinbrenner, architecte badois, fut le premier qui suivit leurs maximes et rétablit le style classique dans sa pureté ; il devint le chef d’une école nombreuse, et bientôt Hansen en Danemark et Fischer à. Munich furent ses brillants èmules. Il ne suffisait pas cependant de se livrer a l’étude de l’antiquité et d’en copier les monuments avec plus ou moins de talent ; il fallait encore demander au moyen âge les secrets de cette architecture nationale qui avait créé tant tïédiflces admirables. C’est ce que les artistes ont flni par comprendre de nos jours : Léon Klenze, A Munich, soutient de son talent l’école qui s’int.itule archeologiquo et esthétique. Ses principales œuvres sont : la Glyptothèque, en style classique pur ; le palais du roi, en style florentin ; l’église de Tous-les-Saints, en style byzantin ; l’entrepôt, en style vénitien ; dans l Pinacothèque, il a imité les loges du Vatican, et, dans le Walhalla, il est remonté jusqu’aux constructions cyclopéennes. Gaertner, non moins habile, a élevé en style de la Renaissance l’église S’-Louis et la bibliothèque. 0Ehlmuller bâtit l’église gothique de S”-Marie-du-Secours, dans le faubourg d”Au ; Ziebland rappelle. dans l’église de S’-Boniface, le caractère des églises byzantines du v° siècle. Pertsch bâtit l’église protestante et la prison, et Probel le nouveau pont de l’Iser. Tous ces monuments sont dus au roi Louis de Bavière. Les autres États del’Allemagne ne restaient pas en arrière ; de nombreux édifices modernes s’élevaient sous la direction de Schinkel, Moller, Ludolf, Châteauneuf, Worstmann, Thouret, Thurmer, etc. Aujourd’hui il n’y a plus d’esprit exclusif, plus de style adopté aux dépens des autres ; les architectes doivent connaître aussi bien l’antiquité que le moyen âge, et être prets à en donner les preuves. V. Moller, Monuments de l’architecture allemande, en français et en allem., 1825-50, in-fol. ; Bing, Vues pittoresques des víeuw châteaux d’Allema47ne, Stuttgard, 1829, in-fol. ; Boisserée, Monuments d’architecture du vn* au xnr’siècle sur les bords du Rhin, 1830-32, in-fol. ; Whewell., Architectural Notes on German churches, 1835 ; H. Forteul, De l’art en Allemagne, Paris, 1842 ; Raczynski, Histoire de l’art moderne en Allemagne, 3 vol. in-4o et atlas, et Dictionnaire des artistes de l’école allemande, 1 vol. in-8o ; Fœrster, Histoire de l’art en Allemagne, 3 vol. in-8o. E. L. Annemasse (Peinture en). La peinture fut cultivée de bonne heure en Allemagne. Il ne reste rien des peintures murales dont Charlemagne avait fait décorer son palais d’Aix-la-Chapelle. A la fin du ix’siècle, Rahan Maur, abbé de Fulde, donna les dessins d’après lesquels furent exécutées les peintures de l’église de Mayence. Au siècle suivant, on représenta dans les palais de Mersebourg et de Magdebourg les victoires de Henri l’oiseleur et d’Othon le Grand sur les Hongrois ; Les ecclésiastiques étaient alors les principaux protecteurs de l’art : Bernard, évêque d’Hildesheim, emmenait dans ses voyages plusieurs artistes, pour copier les œuvres remarquables ; Meinwerk, évêque de Paderborn, attachait

a son église une école de peinture. Pendant’les x1° et xm° siècles, les églises et les palais furent décorés de peintures, qui sans doute n’étaient que des ébauches grossières, mais dont le nombre atteste du moins combien le goût des arts était répandu. De tous ces anciens travaux rien n’a survécu ; on possède seulement quelques manuscrits enluminés, que conservent les bibliothèques de Munich et de Bamberg. Il y eut aux xm° et x1v° siècles, dans la ville de Cologne, une école célèbre, où l’on suivait les principes de l’art byzantin : ce sont, en effet, les mêmes fonds d’or, la même roideur des poses et des draperies, la même absence de perspective. Toutefois, on remarque dans cette école, dont quelques œuvres existent à la galerie de Munich et dans les églises des bords’du Rhin, la tendance a s’éloigner du caractère typique imprimé å la peinture par les Byzantins, et à substituer le génie individuel de l’artiste à la règle liturgique. Déjà l’école allemande prend un cachet particulier ; elle imite la nature, mais sans la poétiser ; privée des ouvrages de l’antiquité qui eussent pu diriger son goût, moins portée que les écoles italiennes vers la beauté des formes, elle imprimera à. ses œuvres un caractère plus simple qu’idéal, plus nait’qn’héroique. La Bohème avait, au xxv° siècle, son école distincte, que représentent Nicolas Wurmser, Kunze et Théodoric de Prague, et dont les œuvres principales sont au château de Karlstein, près de Prague, et à la galerie de Vienne : on y dessinait moins exactement que dans l’école de Cologne, où brillaient Wilhelm et Stephan. Les archéologues reconnaissent aussi une école westphalienne, à laquelle appartient sans doute le Christ entouré de quatre saints, qui décorait jadis le cloître de S’-Walbourg a Soest, et qu’on voit aujourd’hui à Munster ; et une école bavaroise, dont un bon nombre d’ouvrages ornent les églises S’-Sébald et S’-Laurent A Nuremberg. Dans l’art byzantin, la mosaique était. spécialemem employée à la décoration des monuments. Avec l’architecture ogivale, la peinture sur vitraux prit naissance. Dès le xiâsiècle, une verrerie était installée au monasy tère de Tegernsee. Les plus, be ;›.u× produits de la pem-