Page:Bachelet - Dezobry - Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée
xviii
préface.

ALE 68 ALE ’

de Procius. Simplicius s’occupe å résoudre des dinicultés particulières et à compléter la doctrine de ses maîtres. Sa doctrine mythologique, qui s’étend a un nouveau cercle de mythes peu connu j us qu’alors, les mythes de la Perse, de Tyr et de Sidon, etc., contient des explications ingénieuses. Après lui l’école d’Athènes tombe tout à fait›dans les détails de l’érudition. Les commentaires d’Olympiodore contiennent peu d’idées philosophiques. Le seul point qu’il ait développé est l’idée du mythe, dont il a donné une théorie complète.

Ici s’arrête l’histoire de l’école d’Alexandrie et celle de la philosophie grecque.. L’école d’Athènes est fermée comme les autres par l’édit de Justinien, en 529, ses derniers disciples, Damascius, Isidore de Gaza, Olympiodore, chassés de leur chaire et de leur patrie, vont chercher un asile en Orient à la cour de Chosroès, roi de Perse. Accusés et persécutés par les Mages, ils reviennent dans leur patrie, ou ils cultivent en secret les muses’et la philosophie. Le néo platonisme finit avec eux. Il se conserve encore en Orient jusqu’à la chute de l’empire, mais en changeant de nom et de caractère ; il se convertit à la foi

?u’il avait combattue : Jean de Damas, Philopon, Michel

Jsellus sont chrétiens.. *

III. Appréciation générale. Influence du néo-platonisme. On ne peut méconnaître chez les philosophes alexandrins, comme dans leur entreprise, de la grandeur, des tendances nobles, élevées, une grande pureté dans la vie et dans les doctrines morales qui ne s’est’jamais démentie. Quant aux résultats positifs pour la science et la philosophie, c’est non-seulement un effort louable, mais une idée vraie que d’avoir essayé de mettre d’accord, en faisant voir ce qu’ils renferment de vrai, tous ces systèmes qu’avait enfantés la raison humaine pendant tant de siècles de fécondes et utiles recherches. Toute histoire sérieuse et approfondie doit, ainsi que toute critique supérieure, aboutir à ce résultat : rechercher les vérités comme écarter les erreurs, sans prétendre fermer le cercle de ces spéculations et de ces recherches, ni avoir trouvé la vérité totale en ramassant les membres épars de la pensée humaine. L’éclectisme ancien a échoué, comme le moderne ; il reste au moins’comme tentative généreuse, destinée à pacifier les intelligences et à les réconcilier. Il a d’ailleurs un résultat positif et incontestable, celui d’avoir étudié et rapproché les doctrines, de les avoir fait connaître et d’en perpétuer le souvenir, d’avoir fait saisir des rapports qui avaient échappé, des ressemblances cachées et des analogies réelles, d’avoir résumé le passé et fait l’inventaire de ses travaux, ce qui est la condition pour les continuer dans l’avenir. Ce n’est pas non plus une conception médiocre du génie humain d’avoir essayé de réunir et-de coordonner les fragments épars de la vérité universelle. Quant à la tentative de rapprocher et de concilier les religions et leurs dogmes pour les opposer au christianisme, elle était vaine, comme-elle a été impuissante. Mais elle s’explique et elle a encore son utilité, n’eût-elle fait-que rendre plus éclatftnts le triomphe du christianisme et la supériorité de sa doctrine, et cause de la grandeur et des ressources de son ennemi. F1 encore ici ne faut-il pas se méprendre sur la antnre et le vrai rôle de l’école d’Alexandrie : elle a, dans son systlnne des côtés tros-élevés par où elle s’allié avec les côtés correspondants de la doctrine nouvelle. C’est c e qu’ont parfaitement vu et compris les plus grands docteurs de Vlîglise, les S’Justin, les S’Clément d’Alexandrie, S’Augustin surtout, qui, tout en puisant avec liberté et réserve aux sources du platonisme’alexandrín, ont hautement avoué leurs emprunts. Sous ce rapport, l’opposition entre l’esprit ancien et l’esprit nouveau, entre la philosophie grecque, dans ce qu’elle a de plus profond et de plus élevé, et la religion chrétienne, est plus apparente que réelle, malgré les différences qui aussi sont réelles et profondes. Toute la partie vitale du platonisme et du néo platonisme, comme la forme aristotélique, a passé dans la théologie chrétienne ; elle a servi, sinon à constituer le dogme et à le fixer, à le régulariser et à le développer, et ainsi å fonder la théologie. D’un autre côté, la philosophie d’Alexandrie ne meurt pas avec l’école qui la représente : son influence se fait sentir et se continue au moyen âge et jusque dans la philosophie moderne. Tout ce qui, au moyen âge, n’a pas courbe la téte sous le joug de la logique d’Aristote et est resté libre, se rattache aux Alexandrins, s’inspire plus ou moins immédiatement de leurs doctrines. Scot Erigène, Si Bonaventure, Huges de S’-Victor, tous les mystiques, dans la tutto- maître Eckart, sont nourris de l’esprit de ces doctrines, d^nt ils reproduisent quelquefois la lettre. A la Renaissance, l’école d’Alexandrie reparait avec les autres écoles : Marsile Ficin, Agrippa, Pic de la Mirandole, Jordano Bruno, etc., sont des disciples des Alexandrine. Enfin, chez les modernes, malgré l’indépendance et l’originalité de la pensée, on retrouve des traces nombreuses et manifestes de cette philosophie dans les écrits et les conceptions des plus grands penseurs ; en France, chez Malebranche et Fénelon ; en Allemagne, sans parler de Jacob Bœhme et d’autres mystiques rêveurs et exaltés, chez les auteurs des derniers systèmes, en particulier dans les écrits de Schelling, de Baader, et même dans ceux de Hegel. Nous reconnaissons les principes, la méthode, et souvent des théories entières, quelquefois le langage même des philosophes alexandrins, a côté des formules et des conceptions écloses à. la suite des progrès de la philosophie et de la science modernes. On peut consulter sur l“école d’Alexandrie, outre les écrits indiqués à. la suite des articles Ammomus, Plotin, Porphyre, Jamblique, Proclus, etc., dans notre Dictionn. de Biographie et d’Histoire, l’Histoíre de l’dcole d’Alexandrie, par lIatter, 3° édit., 1840, 3 vol. in-8" ; surtout celle de E. Vacherot, couronnée par l’Académie des sciences morales et politiques, 1846, 3 vol. in-8° ; et celle’de J. Simon, 1815, 2 vol. in-8°. Bfn

Atexmoute (Phare d’ V. Pnxma, dans notre Dictionnaire de Biographie et’Histoire

-ALEXANDBIN (Appareil), Alessandrinum opus, espèce de mosaique, ou plutôt de marqueterie précieuse, composée de porphyres rouge et vert, de marbres et d”émail. Il tire son nom de l’empereur Alexandre Sévère, qui en fut l’inventeur, selon Lampride. On l’employa, sous le Bas-Empire, à. faire des frises., à orner des panneaux, et même à former des pavages. On en a un échantillon des premiers siècles dans la basilique de S’-Alexandre, récemment découverte près de Rome. L’appareil alexandrin fut très à la mode en Italie et en Sicile aux xn* et xtn° siècles : il y en a de beaux modèles dans l’église de Monreale en Sicile, dans celle de S’-Clément et dans le cloître de S*-Paul-hors-les-Murs, à Rome. Il décore le tombeau d’Édouard le Confesseur, élevé dans Westminster par l-lenri Ill. L’abbaye de Conques (Rouergue) en offre aussi un spécimen, mais incomplet.

Annxxuontu (Manuscrit), Codex Alexandrinus, manuscrit grec du British Museum à Londres, formant 4 vols in-fol., sur parchemin, en lettres onciales, sans esprits ni accents. Il contient tout l’Ancien Testament dans la traduction des Septante, le Nouveau Testament, et les Épîtres de Clément le Romain. Le Nouveau Testament ofl’re trois lacunes : de plus, deux textes différents ont servi au copiste, l’un, moins correct, pour les Évangiles, et l’autre, plus authentique, pour les Épîtres et l’Apocalypse. Le Code Alexandrin paraît dater de la 2° moitié du vt* siècle, et avoir été écrit en Égypte ; on sait qu’il (faisait partie, dès l’an *1098, de la bibliothèque des patriarches d’Alexandrie. En 1628, le patriarche Cyrille Lucar en fit don à Charles Ier, roi d’Angleterre. Grabe a reproduit le texte du Code Alexandria dans son édition des Septante, Oxford, 1707-1720, 4- vol. in-fol., renouvelée par llaber, Lond., 1816. Woid a publié le Nouveau Testament, en imitant même le caractère, Lond., 1786, in-fol. ALt » : xANt›ntN (Dlalecte), variété de la langue grecque ancienne, née de la confusion du dialecte macédonien avec ceux des différentes -parties de la Grèce, auxquels venaient s’ajouter des locutions empruntées à des langues étrangères. Dans la plupart des écrivains alexandrins, ce dialecte se rapproche beaucoup des formes de ce qu’on appelait du terme peu précis pour nous de langue commune. Ce furent surtout les Égyptiens, les Hébreux, les Syriens, qui usèrent de ce nouveau dialecte, et les écrivains de ces nations qui le parlèrent ou l’écrivirent reçurent le nom d’hellénistes (imitateurs des Grecs) : aussi le désigne-t-on souvent par le nom de dialecte hellénistique. Nulle part il ne présente des formes plus caractérisées que dans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Dans la plupart des autres ouvrages de l’époque alexandrine, même ceux des Pères de l’Église d’Alexandrie, de Jérusalem ou d’Antioche, bon nombre de nuances qui le séparent de la langue athénienne classique échappent aux modernes, et. l’on y sent, l’influence bien plus marquée des écoles et des écrivains de la véritable Grèce. - C’est donc le néologisme qui distingue surtout le dialecte alexandrin, et nous ne parlons ici que de ce néologisme vicieux qui consiste à créer des synonymes inutiles, ou et introduire des mots et des tournures contraires a l’usage des bons écrivains et au génie de la vraie langue. Ces défauts provenaient sans doute de la manière imparfaite avec lacuelle