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ABS. 13 ABY ’

toutes les dillérences substantielles ou accidentelles que présentent les objets qu’elles embrassent en nombre infini, pour ne tenir compte que de leurs caractères communs. Ace titre, l’abstraction est aussi le préliminaire indispensable de la définition, de la classification, du raisonnement, et l’une des conditions du langage, qui n’emploie que des termes généraux ; - 3° comme préliminaire des créations de l’imagination, celle-ci ne faisant que combiner, dans un ordre nouveau, les éléments détachés des perceptions concrètes au moyen de l’abstraction. - A côté d’avantages importants, l’usage de l’abstraction ne laisse pas de présenter quelques dangers, dont le plus grave est d’attribuer une existence réelle a de pures conceptions de l’esprit. C’est ce qu’on appelle réaliser des abstractions. C’est ainsi que procèdent les systèmes panthéistes, qui font de l’Etre pur ou de la substance absolue, objet d*une conception abstraite (n’y ayant pas plus d’être sans attributs que d’attributs sans étre), le principe de toutes choses, et les systèmes idéalistes, dont le caractère commun est de supposer une existence distincte et substantielle aux idées qui, par le fait, ne sont que des actes de l’esprit. C’est aussi ce qu’a fait le polythéisme, en divinisant des causes abstraites ou des modes de l”Ètre physique ou moral, la beauté, la richesse, la mort, le sommeil, etc. ~ ’ B-n.,

ABSTRAIT, conçu par abstraction. Il y a des idées on notions abstraites ; telles sont : l’idée d’un mode considéré indépendamment de la substance à laquelle il appartient, la blancheur, la dureté, la forme, etc. ; celle d’un rapport, sans réflexion distincte sur les termes qu’il unit, la supériorité, l’in[ériorité, la possession. On nomme jugements abstraits ceux dont les éléments sont des termes abstraits ; à Deux quantités égales à une troisième sont égales’entre elles. » Ijarithmétique offre l’exemple le plus complet et le plus clair d’une science formée d’une suite de vérités et de jugements abstraits, le nombre, considéré sans égard aux objets qui se comptent, étant lui-même une des idées les’plus abstraites que l’esprit puisse concevoir. ’ B-E.

uísrnarr (Verbe). Le mot abstrait est appliqué par quelques grammairiens au verbe être considéré isolément, et non combiné avec un attribut de manière à former un verbe attributif, parce qu’alors il n’exprime que l’idée tout abstraite de l’existence avec relation aun attribut quelconque. Ce terme une fois adopté, les verbes vulgairement appelés attributifs doivent prendre celui de concrets, parce qu’ils renferment un attribut déterminé joint à l’idée de l’existence. A la dénomination d’attributif doit s’opposer celle de substantif. - P.

ABSTRAITS (Noms), mots qui désignent une qualité considérée toute seule et séparée du sujet où elle existe. Ces mots sont assimilés ainsi a un être indépendant, subsistant par lui-même, c.-a-d. À un substantif. Tels sont blancheur, beauté. Quand je dis neige blanche, beau ciel, j’attribue la qualité de blanc, de beau, à des substances déterminées ; mais quand je dis absolument le blanc, le beau, je considère ces qualités en elles-mêmes, indépendamment de tout sujet ; Envisagésainsi isolément, les adjectifs qualificatifs ont pris, dans les diverses langues, a l’aide de certaines modifications dans la désinence, la forme des substantifs. Ainsi le blanc, cdntlidum, 16 Àeozóv, deviennent la blancheur, candor,

  • tj leuxómç ; le beau, pulchrum, -ré xakóv, deviennent la

beauté, pulchritudo, rb aáikoç. Aussi peut-on dire qu’en principe tout nom abstrait dérive, par sa nature même, d’un adjectif ; et comme il désigne une qualité aussi bien que l’adjectif dont il est formé, ce fut la sans doute une des raisons pour lesquelles les grammairiens grecs, frappés de cette’étroite affinité, avaient fait du substantif et de l’adjectif une seule et même partie du discours. Toutefois, le mot abstrait s’applique aussi a un grand nombre de noms qui, sans être dérivés d’un adjectif, sont employés dans un sens vague, général, absolu, ou désignent des êtres que l’esprit seul peut concevoir, comme la vertu, le génie, le savoir, le caractère, l’orgueil, la gloire, l’opinion, le goût, l’esprit, l’imagination, etc. Souvent les noms abstraits s’emploient avec un sens collectif. Ainsi l’humanité ne désigne pas seulement la qualité d’humain, mais encore l’ensemble des hommes ; on dit la noblesse pour Ptnsemble des nobles ; de même que les Grecs désignaient souvent l’ensemble des divers peuples formant leur nationalité par le mot cb é).).1ivi×óv. Les mots pouvoir, gouvernement, sont fort usités pour désigner la personne ou les personnes qui sont investies du pouvoir suprême ou chargées du gouvernement de la chose publique. L’emploi de quelques mots abstraits, notamment fita, ig, ciiévoç, joints à’un substantif qui’leur sert de complément, est fréquent dans la poésie grecque : ainsi Bin’Hpa×)fio ;, force d’Ilercule, c.-a-dire le fort Hercule ; ou simplement Hercule ; ig llpwiμoto, iq T*r|).eμ.áj¿oio, obávoç ’Hs*rtu›vo ;, signifient force ou puissance de Przam, de Télémaque, d’Eétion, ou ces personnages mêmes. - L’emploi des termes généraux et abstraits peut donner au style un caractère d’élévation et de noblesse, pourvu qu’il soit fait avec discrétion ; car si on use trop souvent, ou avec*afl’ectation, de termes généraux, si l’ensemble ou les détails de la composition ne leur don’nent pas un sens suffisamment préizis, ils répondent des nuages sur le style, et les idées de Pécrivain demeurent obscures ou équivoques. C’est un défaut assez commun aux époques de décadence littéraire. P. ABUB, instrument a vent des anciens Hébreux, employé dans les sacrifices. Kirclxer croit qu’il ressemblait a notre cornet, mais sans trous. Dom Calmet veut que ce soit une flùte, la même que les Latins appelaient ambubafa. D’autres y voient une baguette deroseau qui servait à. battre le tambour., B.

ABUKASB. V. D/iu.nn.

ÀBUNDA (Langue). V. Anonuii.

ABUS D’AUTORITÉ ou DE POUVOIR, acte d’un fonctionnaire qui méconnaît ou qui outre-passe son pouvoir. D’après notre Code pénal, il y à quatre cas d’abus d’autorité contre les particuliers : 1° la violation du domicile (V. ce mot) horsles cas prévus par » la loi et sans les formalités qu’elle a prescrites ; 2°.le déni de justice (V. ce mo’t) ; 3° la violence (V. ce mot) employée- sans motif légitime pour l’exécution d’un -mandat de justice ou d’un jugement ; 4° «la su pression ou l’ouverture des lettres confiées à la poste ( Larrnizs). - ll y a abus d’autorité contre la chose publiriueyquand un fonctionnaire, agent ou préposé du gouvernernent, requiert ou ordonne, fait requéririou ordonner l’emploi de la force publique contre l’exécution d’une loi ou ordonnance, d’un mandat de justice, d’un ordre donné par un pouvoir légitime, ou contre’la perception’d’une contribution légale. - Le Code pénal (liv. III, fit. x", art. 184, 191) a fixé les peines dont sont passibles les fonctionnaires dans chacun de ces cas. Tout homme qui a souffert d’un abus d’autorité peut porter plainte et réclamer des dommages-intérêts.

  • B.

Anus DYAUTORITÉ acccišsmsrioua. Voy. APPEL conne n’Anus. -

Anus ns conrmncz. Aux termes du Code pénal (liv. III, tit. n, art. 406-4-O9), on se rend coupable de ce délit : 1° Lorsqu’on abuse des besoins, des faiblesses ou des passions d’un mineur, pour lui faire souscrire des obligations, quittances ou décharges à son préjudice ; la peine est de 2 mois à 2 ans d’eniprisonnement ;- 2° Quand on abuse d’un blanc seing, en écrivant. frauduleusement au-dessus une obligation, quittance ou décharge, ou tout autre acte qui peut compromettre la personne ou la fortune du signataire, ; »et alors il peut y avoir, de plus, crime de faux dans certains’cas (V. ce mot) ; - 3° Quand on détourne ou dissipe, au préjudice des propriétaires, les effets, deniers, marchandises, etc., qu’on avait reçus en dépôt ou pour un usage déterminé ; la peine est de 2 mois à 2 ans d’emprisonnement ; mais c’est la réclusion qui est prononcée, si le coupable était employé, commis, clerc, élève, ouvrier ou apprenti de la personne à l’égard de laquelle l’abus a été commis ;- 4° Quand on soustrait quelque pièce, titre ou mémoire, après l’avoir produite dans’une contestation judiciaire ; une peine de 25 tt 300 fr. d’amende peut être prononcée par le tribunal saisi de la contestation. L-x. sans nu Mors. V. CATACHIIÈSE.

ABYDOS (Table d’), inscription hiéroglyphique, gravée sur le m ur d’une chambre d’un petit temple à Abydos (Haute-Égypte), et qui contient, en 26 bandes verticales, une table généalogique de rois antérieurs à Ramsès III on Sésostris, prince de la 18€ dynastie, à qui ce temple était dédié ; Le commencement manque ; mais on remonte de ce prince au moins jusqu’aux rois de la 16° dynastie. A la fin de chaque colonne revient le nom de Sésostris, comme pour indiquer sa supériorité sur tous ceux qui ont gouverné l’Égypte. Découverte en 1817 par J -W. Bankes, dessinée par Caillaud en 1832 (le dessin a’été donné par Champollion dans sa 2° lettre à M. de Blacas), cette inscription fut détachée du mur par Mimaut consul de France à. Alexandrie, après la mort duquel le Bristísh Museum en fit l’acquisition. Le Journal des Savants (mars 1845) en a publié une copie très-exacte. -’ B-