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préface.

ABF. s - Ann.-France,

on doit citer l*Abrégé chronologique de l’histoire de France parle président Hénault, qui a fait naître un grand nombre d’imitations ; la revue rapide que Bossuet a écrite dans son Discours sur l’histoire universelle est un véritable abrégé, œuvre de génie. On a écrit aussi, pendant le xv1u° siècle, pour l’École militaire, des Abregés qui ont eu leur réputation, auj. assez effacée. Les abrégés sont fort en usage, de nos jours ; il y a des Précis, des Résumés, des Manuels, de toute serte, pour la grammaire, la littérature, l’histoire, la philosophie, les sciences, les arts, etc. Le mot latin Compendium, qui signifie abrégé, a été appliqué spécialement aux abrégés d’ouvrages de sciences (philosophie, histoire naturelle, médecine, chirurgie, physique, chimie, etc.). - L’Ep1tomé (mot grec qui veut diré abrégé) est un livre réduit, comme l’/lbrégé, mais plus succinct encore ; tels sont l’Epito*me hisloriœ sacrœ de Lhomond, et autres, écrits en latin pour les plus jeunes élèves des établissements d’instruction. - On établit cette différence entre l’Abrégé et l’Epitomé, que le’premier est écrit dans’le style propre à son auteur et avec la forme qui lui convient, tandis que le second reproduit autant que possible les expressions des auteurs originaux. B.

zumésé, mécanisme de l’orgue, qui transmet le mouvement des touches des claviers aux soupapes des sommiers respectifs. On distingue plusieurs sortes d’abrégés : les simples, les composés ou brisés, les doubles, celui des pédales, ’du positif, du récit, et l’abrégé foulant. ABBEUVOIR, lieu disposé pour faire boireetbaigner les animaux domestiques. L’abreuvoir naturel est une pente douce choisie ou préparée sur le bord d’une rivière, d’un canal, d’une pièce d’eau ; un barrage empéche les animaux de s’avancer dans des endroits trop profonds, ou les préserve d’être entraînés avec leurs conducteurs par la rapidité du courant. L’abreuooir artificiel est une espèce de bassin dont le fond est pavé ; dont les parois sont construites au ciment, et dans lequel on recueille les eaux de la pluie ou celles d’une source ; on doit le curer fréquemment, n’y laisser arriver aucune eau sale et malsaine, telle que l’eau des fabriques, teintureries, buanderies, etc., ne pas souffrir qu’on y lave du linge ou des laines, ni qu’on y rouisse du chanvre, opérations qui laissent dans l’eau des matières animales et végétales capables de la corrompra. D’après une ordonnance de police du 26 déc. 1823, les femmes, ainsi que les mineurs qui ont moins de 18 ans, ne peuvent conduire des chevaux ît l’abreuvoir r ; il n’est pas permis de mener plus de trois chevaux à la fois, et jamais pendant la nuit ; les postillons enregistrés peuvent seuls- en conduire quatre. Les contrevenants sont passibles de peines de police, et même de dommages-intérêts envers ceux qui en auraient soulïert préjudice. L’abreuvoir entre dans le plan d’une ferme, d’une cour d’écurie, d’un chenil, etc. Quand on possède un droit d’abreuvoir sur le fonds d’autrui, on a droit de passage pour y arriver (Gode civil, art. 696). - On voit à Parme un abreuvoir d’un aspect monumental. Il n’existe plus que des débris de celui du château de Marly, qui était orné des deux chevaux’en marbre de Guill. Coustou, placés aujourd’hui a l’entrée orientale des Champs-Élysées, à Paris.-Dans beaucoup de villes de l’Orient, il y a, à l’augle des rues, des abreuvoirs publics (ltod), de forme semi-circulaire on polygonale, et couverts en dome. B.

ABBEVIATEURS, officiers de la chancellerie romaine, chargés de rédiger les signatures, brefs, bulles et autres actes émanant des papes. Leurs minutes étant remplies d’abréviations, ils en ont tiré le nom qu’ils portent. Il est fait mention des abréviateurs pour la première fois au commencement du XlV° siècle. Paul II les supprima pour cause de corruption dans l’exercice de leurs fonctions ; mais on les rétablit plus tard. Il ya eu jusqu’à 72 abréviateurs, dont 12 prélats (avec un traitement de 2,000 scudi, ou 11,000 fr. environ), 22 ecclésiastiques de rang inférieur, et 38 laïques. Le nombre en est aujourd’hui diminué, et leurs traitements sont beaucoup réduits. B,

ABBÉVIATIONS (du latin brebis ; court). Les abréviations, sans y comprendre les ligatures et les monogramntes (Y. ces mots), peuvent se subdiviser en sigles, notes tiromennes et abréviations proprement dites. I. Sigles. - Le mot sigle vient du latin sígílla, diminutif de szgna, ou, suivant quelques savants, de singulí. Les sigles sont des lettres choisies parmi celles qui composent un mot, pour exprimer ce mot tout entier. Ce système d’ñeriture abrégée fut connu des Hébreux, des Grecs et des Romains. Le sénat de Rome permit qu’on s’en servit pour des formules usuelles dans les actes publics, longtemps avant l’invention des notes de’l’íron. Mais la confusion qui en résulta porta plus tard Justinien à. en interdire l’usage dans les livres de droit, et a prononcer la peine de faux contre ceux qui introduiraient des sigles dans la transcription des lois de l’Empire. Il y a plusieurs espèces de sigles : les uns désignent chaque mot par une seule lettre, comme S. P. ›Q. R., Senatus populusque Romanus ; A. D. K., ante diem Icalendas ; A. P. V. C., anne post urbem conditam ; A. V. C., anne urbis conditœ ; D. S. P., de sua pecunia ; E. P., equo publico ; D. O. M., Deo optímo maœimo, etc. Les autres ajoutent à la lettre initiale une ou plusieurs lettres prises soit au commencement, soit dans le corps, soit à la fin du mot, comme AM., pour amabilis, amen, amicus ; CVB., pour curator, curaoit, curio ; AA., pour augusta ; ACON ou AN, pour actionem ; ADP., pour adoptions ; AT., pour autem ; BF., pour beneficium ou beneficiarius ; BR., pour bonorum ; BRT., pour Britannicus ; CC., pour circum ; C L., pour colonia ; CM., pour omnes ; C M PB BR., pour comparaberunt ou comparaverunt ; C N S., pour censor ; CONSP., pour Constantinopolis ; COS., pour consul ; -FS., pour fratres, etc. Un manuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris, provenant de Pabbave de S’-Germain-des-Prés, et connu sous le nom de Virgile d’Asper, contient des fragments de Virgile écrits en sigles suivis de points. Le Doomsday-book de Guillaume le Conquéqant fut écrit en lettres antiques et en sigles. Il y a des sigles dans lesquels une même lettre est doublée ; par la il faut entendre que le mot doit être mis au pluriel. Dans d’autres, une lettre se trouve triplée, quadruplée ; ilvfaut en conclure qu’il s’agit de trois ou quatre personnes. Ainsi, AA. peut s’interpréter Augusti duo ou plures ; AUGG., Augusti duo ou pleures ; AUGGG., Augusti tres ; CAES S., Cœsares duo ou plures ; CAES S S., Cœsares tres ; DD., detlicamus ou dedicaverunt ; DD., Dii ou Domini ; DDD. NNN., Domini’nostri tres. - Parfois le redoublement des lettres indique, non le pluriel, mais le superlatif, comme BB., oplime ou optimus ; CC., clarissimus ; LL., libentissisme. Parfois aussi les lettres doublées doivent s’entendre comme si elles étaient simples, comme PP., pondo on posuit.

Les lettres employées comme chifl’res désignent aussi bien les nombres cardinaux et les adverbes numéraux que les nombres ordinaux. Ainsi, .I. peut signifier ou semel ou primus ou unus. Les nombres II, III, IIII, etc., suivis de la lettre V, désignent les mots Duumuir, Triumvir, Quartumvir, etc.

Les sigles renversés désignent d’ordinaire des femmes, et quelquefois des substantifs ou des adjectifs féminins ; D peut désigner, par exemple, Cala. centuria. Le C renversé exprime souvent aussi con ou com au commencement d’un mot ; DL signifie confibertus, {)’I confiberta. Pour plus de détails sur les sigles, nous renvoyons’au savant ouvrage de Nicolaí : -Iractatus de síglis velerum (Leyde, 1706), au Siglarium romanum de J. Gerrard (Londres, 1793), aux Éléments d’Epígraphie de Franzius (Berlin, 1840), et aux ouvrages spéciaux sur les inscriptions, les médailles et les monnaies, qui ont ordinairement, à la fin du recueil ou au commencement, une table alphabétique des sigles, avec l’interprétation en regard. -

II. Notes turoniennes. - Les Notes turoniennes sont un système de sténographie dont le secret n’a pu encore être com platement découvert. Elles firent leur nom d’un affranchi de Cicéron, Tullius Tiro, qui passe pour avoir fait de nombreuses additions aux Notes d’Ennius, et pour avoir trouvé la méthode la plus convenable à employer afin de recueillir, au moyen de ces notes, les discours que l’on prononçait en public. Dans l’afl’aire de Catilina, Cicéron plaça, en divers endroits du sénat, des notaires (notarii, cursores), c.-à-d. des sténographes, pour écrire la réponse que fit Caton auffiscours de Jules César. Sénèque recueillit les Notes turoniennes.par ordre alpha.bétique, et S’Cyprien y ajouta de nouveaux caractères. Les Notes turoniennes, disent les Bénédictins, furent d’un usage très-étendu en Occident ; les empereurs, comme les derniers de leurs sujets, s’en servaient ; on les enseignait dans les écoles publiques, comme nous l’apprend le poëte Prudence dans des vers faitsà la louange de S*’Cassien, célèbre martyr qui vivait au iv* siècle. Ou écrivait en notes les discours, les testaments et les autres actes publics, avant de les mettre au net. S’Augustin nous fait connaître que ses auditeurs recueillaient en notes ce qu’il disait en chaire. Les évêques avaient A leur service des écrivains instruits de cette tachygraphe ;