Page:Bachelet - Dezobry - Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

AMI f 115

épaisses- que larges et de hauteur inégale, diffèrent aussi de dessin et d’ornementation, et manquent de proportion avec le corps du monument ; on les attribue à Pierre Largent. - Les portails lateraux se distinguent également par la noblesse et la sévérité de leurs proportions, la beauté cles rosaces et des statues, et la richesse de l’ornementation. - Tout le pourtour de la cathédrale oíïre une belle perspective d’arcs-houtants et de contre-forts surmontés de pinacles et de clochetons ; les piliersbutants de la chapelle de la Vierge sont couronnés de statues assises. L/architecture des chapelles absidales à la plus grande ressemblance avec celle de la S’°-Chapelle de Paris ; les verrières n’y ont pas moins de 14 met. de hauteur. Le faite de tout l’édifice était décoré de trèfles en pierre, que l’autorité municipale a fait détruire en 1837, croyant y voir des fleurs de lis.

La*flè« : he centrale de l’édifice, reposant sur une tour carrée en pierre, était en charpente revêtue de plomb. Brúlée en 1527, elle fut relevée de 1529 a 1533 par deux charpentiers picards, Louis Cordon et Simon Taneau. Elle s’élève à une hauteur de 60 mèt. depuis sa base, et de 130 ntèt. depuis le sol de l’église. Son style est celui du commencement de la Renaissance ; elle est surtout remarquable par son élancement et la grâce de son ornementation : on y voit extérieurement les huit statues colossales de Jésus-Christ, de la S’° Vierge, de S’Jean-Baptiste, S’Pierre, S’Paul, S’Jacques le Majeur, S’Firmin, S’° Ulphe, montées sur des colonnes que des arcs-boutants : rattachent au corps du clocher, et, plus haut, des anges portant les instruments de la Passion. Le plai ; de la cathédrale d’Amiens à la forme d’une croix latine. Sa plus grande longueur dans œuvre est de 138“’,35, et sa plus grande largeur de 32"’,65, dont14’“,60 pour la nef principale seule. Le transept a 60"’,65 de longueur et 14’“,25 de largeur. La hauteur des voûtes de la nef est de 44 mètr. ; celle du chœur, de 43 mèt. Le monument entier occupe une surface de 8,000 mèt. environ., Uíntérieur du vaisseau ne le cède en beauté a aucun autre. Nulle part on ne trouve des voûtes plus légères, des arcades- plus hardies. Les colonnes, couronnées de chapiteaux du travail le plus pur et le plus délicat, sont à baguettes et a filets carrés alternativement, et se marient heureusement avec les nervures des voûtes. Celles qui entourent le chœ ur rendent un son quand on les frappe, ce qui les a fait appeler piliers sonnants. Un jubé, construit en même temps que le chœur, a depuis longtemps disparu. Les détails les plus intéressants lt observer sont : les stalles, au nombre de 120, surmontées de dais, sculptées en chene, de 1508 a 1522, par Arnoul Boulin, Alexandre Huet, Ant. Avernier et Jean Trupin, et représentant les traits historiques ou allégoriques de l’Ancien et du Nouveau Testament relatifs à. la S” Vierge, travail adniirable qui coûta 9,500 livres (150,000 fr. aujourd’hui) ; la clôture extérieure du chœur, en pierre, ornée de sujets en ronde bosse ayant trait, d’un côté à la vie de S’F :.rmin, de l’autre au supplice de S’Jean-Baptiste, et qui portent des traces de peinture polychrome ; les grilles en fer, par lesquelles on entre dans le chœur ; les anciens fonts baptismaux, du xr° siècle ; plusieurs chasses, entre autres celle qui contient les restes de S’Firmin, et qui est du xr° siècle, et celle de S’Jean-Baptiste ; derrière le chœur, le tombeau du chanoine Lucas, avec un Génie ou Enfant pleureur, par Blasset ; les tombeaux en bronze (les évêques Evrard de Fouilloy et Geoffroy d’Eu, placés à droite et à gauche en entrant dans la grande nef ; la chapelle de S’°-Theudosie, entièrement peinte à fresque par les ordres et aux frais de l’impératrice Eugénie ; l’orgue, un des plus beaux de France. La chaire est une œuvre moderne, aussi peu en rapport avec l’édifice que la Gloire placée derrière le maître-autel. Quant aux vitraux, le temps les a détruits en grande partie ; la lumière pénètre avec trop d’abondance, et c’est la ce qui a1Îaiblitl’effet général que produit l’ensemble du monumeutç on ne peut guère remarquer maintenant que les verrières toutes modernes de la chapelle de S"-Theudosie.

L’église cathédrale d’Amiens ne fut dans le principe qu’une simple chapelle, élevée au rv° siècle sous l’invocation de Notru-Dame-des-Martyrs, par S’Firmin le Confesseur, 3e évêque de la ville, sur l’emplacement du supplice de S’Firmin, premier apötre de ces contrées, martyrisé en 303. Réédifiée et agrandie au vn* siècle par S’Acheul, elle fut brûlée vers 850 par les Normands, puis encore en 1019 et en 1107, et enñn complètement détruite par un incendie en 1218. Evrard de Fouilloy, qui occupait alors le siège épis-A M I

copal d’Amiens, entreprit la réédification du monument tel qu“il existe aujourd’hui.-Les architectes furent successivement Robert de Luzarches, Thomas de Cormont et son fils Renault de Corniont. L’édifice, dont on posa la première pierre en 1220, fut terminé, dit-on, en 1288, sauf les tours du grand portail, seulement achevées en 1366, et les balustrades du chœur et de la nef. On n’a ajouté au plan primitif de Robert de Luzarches que les chapelles latérales de la nef. La vue de Notre-Dame d”Amiens a exercé, sans aucun doute, une grande influence sur les architectes du moyen âge, et un antiquaire français a pu donner aux cathédrales de Cologne, de Beauvais, de Limoges et de Narbonne, le nom de filles de la cathédrale d’Amiens. Dans le langage populaire, la nel’ d’Amiens, le chœur de Beauvais, le portail de Reims et les flèches de Chartres formeraåent par leur réunion une cathédrale parfaite ; quoi qu’il en soit de cette alliance, on peut dire avec Huet : à La basilique d*Amiens est aux autres temples gothiques ce que S’-Pierre de Rome est aux temples modernes de premier ordre. » V. Rivoire, Description de l’église cathédrale d’Amiens, 1806, in-S“ ; Gilbert, Description historique de la cathédrale d’Amicn.s, 1833, in-80 ; De Jolimont, Notice sur la cathédrale d’Amiens ; Goze, Nouvelle description de la catliédralc d’Amiens, 1847, in-40 ; T.-N. de Jolimont et Chapuis, Les cathédrales de France, in- !i° ; Rigollot, Atlas de l’Essai sur les arts en Picardie, 1840, 2 vol. in-8°. B. er L. AMINTE, célèbre drame pastoral en cinq actes et en vers, composé par le Tasse, et représenté à la cour de Florence en 1573. Le caractère dramatique de quelques églogues de Virgile et de Théocrite domine dans l’Aminlc, dont voici le sujet. Amyntas (et non Aminte, comme nous ’disons), petit-fils du dieu Pan, aime Sylvie, petite-fille du fleuve qui arrose la contrée (les environs de Ferrare). Ils ont été élevés ensemble, ne se sont jamais quittés, et il lui déclare sa passion. Sylvie, offerisée, le bannit de sa présence. Cependant Amyntas trouve une occasion de sauver Sylvie des attaques d’un satyre ; mais elle n’en demeure pas moins irritée, le fuit toujours, et il apprend, par une fausse nouvelle, qu’elle a été tuée ai la chasse. Le désespoir s’empare de lui, et il va. se précipiter du haut d’un rocher. On vient annoncer à Sylvie la mort de son amant ; elle s*attendrit, le regrette, court a sa recherche, pour lui rendre au moins les derniers devoirs, et le trouve au milieu de bergers qui le rappelaient à la vie, car un buisson l’avait retenu dans sa chute, et il n’était qu’évanoui. Sylvie le comble de ses caresses, et l”hymen assure le bonheur des deux amants. Chaque acte de l’Amz’nte est suivi d’un chœur fort court. La pièce est précédée d’un prologue, et terminée par un épilogue. Le succès de l’Aminte fut préparé par l’état de la société italienne, qui aimait à se reposer de ses troubles sanglants dans des peintures champêtres ; mais il vient surtout de l’e› ; treme élégance du style, de la variété des tours et des images, .et de cette coupe facile et harmonieuse de vers inégaux, que le Tasse emprunta à. la tragédie de Canace, par Sperone Speroni. Il faut y joindre la grâce infinie, la suavité tout italienne, avec laquelle le Tasse, âgé de 29 ans, amoureux lui-même (car il slest peint dans sa pièce sous le nom de Tireis), analyse et commente l’amour. Le ciel, la lumière des paysages italiens, animent, éclairent cette composition charmante, où le poëte a trouvé l’art.de fondre avec un naturel parfait et une industrie merveilleuse les plus agréables passages d’Anacréon, de Moschus, de Virgile et de Théocrite. C’est par le style que vivra l’Aminlc ; non pas que ce style soit absolument exempt de l’afi’ectation qui gate trop souvent les œuvres du Tasse, et qui a attiré le jugement si sévère de Boileau. - L’auteur ne voulait pas imprimer son drame, à cause des allusions qu’il renferme : on trouva cependant le moyen d’en avoir des copies ; Pune de ces copies tomba entre les mains d’Alde, qui en donna une édition, Venise, 1581, in-80. Ménage a aussi laissé une édition de l’Amínte, avec notes, Venise, 1736. Il en existe une traduction française en vers élégants, Paris, 1666. V. Ginguené, Histoire de la littérature ztalzenneš, t. V et VI. 3..

AMIRîL, ’l°"grade de la marine militaire en France. Avant 1830, le commandant en chef de la flotte porta aussi le titre de grand amiral (V.*ArnuAi., dans notre Diet. de Biogr. et d’Hist.). Le roi Louis-Philippe Ier, par une 01’donnance du 1°’mars 1831, créa trois titres d’amiraux ; une loi du 1’7 juin 1811 maintint ce nombre pour le temps de guerre, mais le réduisit à deux pour le temps de paix. Jadis les attributions et les profits de llamiral étaient considéralilus. La justice était rendue en son nom dans les