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bois très-dur et couverts d’hiéroglyplies. On distingue encore la Casa de las Monjas (maison des Nonnes), la Casa del Anano (maison du Nain), la Casa de Palomos (maison des Pigeons), etc. - Au milieu d’autres bâtiments d’Uxmal, on remarque une tour quadrangulaire, qui fut pavée de pierres dont chacune représentait en relief un groupe de 4 tortues ; d’après les dimensions de cette cour, le pavage a dû exiger 43,600 pierres taillées de la même façon. ’

Les ruines de Chichen (Yucatan) couvrent un terrain de 3 kilom. de circonférence. Il y a, la aussi, une construction àtrois étages, dont le pourtour est de’195 mèt., et la hauteur de 20 mèt. environ : la façade du 2* étage est très-habilement sculptée ; les portes sont enrichies de moulures et d’ornements, et les appartements voûtes en pierre. — Attenante à ce monument se, trouve une construction fort curieuse : elle consiste en deux murs de pierre parallèles, longs de 84"’,40, distants l’un de l’autre de 9’“ ;14, ’et ayant une épaisseur égale à la distance qui les sépare ; on conjecture qu’elle était destinée à des jeux publics, comme les palestres des Grecs. Beaucoup d’autres ruines se trouvent dans le Yucatan : les principales sont celles de Chichenisa (près de Valladolid) et de’I’ichouaIahtoun.

’ Au milieu des ruines américaines, il est des bâtiments où l’on ne peut pénétrer, et que l’on appelle casas cerradas (maisons fermées). Les portes en ont été murées, et l’on ne sait à quel usage ils étaient destinés. Enfin, il est digne de remarque que ceux qui fondèrent ces antiques villes de l’Amérique les pourvurent d’une eau abondante, fraiche et pure, a l’aide de fontaines et de citernes d’une excellente construction. Le Mexique et le Pérou ont aussi d’anciens monuments qui rappellent une grandeur déchire depuis l’arrivée des Européens. V. Mexicain, Pánuvxan (Art). Des savants ont voulu rapporter l’origine des constructions américaines à une influence étrangère. Assurément, ces constructions n’ont ni le caractère cyclopéen, ni aucune analege avec les monuments grecs et romains. Tandis que les Hindous aimaient à placer dans des cavernes le : sanctuaire de leurs idoles, les Américains élevaient leurs édifices sur des tertres artificiels, et rien n’atteste chez eux l’existence de travaux d’excavation ; on ne voit pass davantage ces figures hideuses, dit formes, et plusieurs tetes, qu’on remarque sur les monuments de l’Inde. S’il y a, dans l’antique Amérique, des constructions pyramidales comme dans l’ancienne Égypte, ces monuments diffèrent complètement de caractères : les pyramides égyptiennes, carréesà. la base, vont en diminuant jusqu’au semmet, et présentent des chambres intérieures ; les pyramides américaines sont oblongues, arrondies aux quatre coins, et n’oíl’rent ni ouvertures, ni excavations ; les unes sont complètes en elles-mêmes, les autres servent de bases à des édifices. Les Égyptiens employaient des pierres de dimensions colossales ; les constructions américaines sont en pierres de grosseur très-ordinaire. Eufin, on n’a pas trouvé en Amérique une seule colonne proprement dite. On ne peut rien conclure de quelques analogies dans les détails, et il faut reconnaître que les monuments américains sont d’une originalité complète, sans modèles, sans tradition étrangère, et qu’ils sont le produit d’une civilisation isolée, inconnue au reste du monde, absolument indigène. V. Warden, Recherches sur les antiquités de l’Amérique septentrionale dans le t. Il Brad-

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des Mém. Je la Soc. de géographie, Paris, 1825 ; fort, .fimencan antiquities, Loud., 51842, in-80. B. AMERICAINE (Littérature). V. E’rA’rs-Unis. AIVIERICAINES (Langues). Balbi, dans son Atlasethnographique (Paris, 1826), a énuméré 423 idiomes parlés en Amériq Je par les populations indigènes : 2’ll de ces idiomes appartiennent à la région du nord, 44 21 celle du centre, 1015 à celle du midi. Sur cette liste ne figurent que les langues sur la structure desquelles on a quelques connaissances. Vater atfirme que le nombre des

idiomes du continent américain dépasse 500, pour une population qui ne s’élève qu’a 2 ou 3 millions d’àmes. Cette diversité de langage s’explique aisément. Toute langue exclusivement orale est sujette à des fluctuations d’autant plus nombreuses et rapides, que le peuple qui la parle est plus fréquemment exposé à. des vicissitudes de fortune. et que les individus qui composent ce peuple ont moins de rapports les uns avec les autres ; elle se décompose en dialectes par l’eiTet des migrations, de l’isolement, des guerres ou du mélange avec d’autres peuples. Il n’y avait d’ailleurs, chez les indigènes de l’Amérîque, aucun des principes qui donnent de la fixíté ti une langue, Un.r. nes Lsrrnes.

ni liusage fréquent de l’écriture, ni enseignement publie de la langue, ni poésie traditionnelle, ni classes d’hommes obligés par leur profession de l’em ; j.loyer constamment, ni stabilité dans l’état social. ›

On peut classer de la manière suivante les principaux idiomes de l’Amérique :.

I. Azinšinoua DU nono ; - Les idiomes eskimaum, auxquels se rattache le groënlandais ; les idiomes athapas(cas, parlés dans le voisinage de la baie d’Hudson ; les idiomes aigenquzns, dont font partie Pabénaqui, le mofμcan, le delaware, le miami, Pogibwai, etc. ; les idiomes troquois, comprenant les langues des Hurons ou Wyandots, des Sénécas, des Onondagas ; le cherokee ; le choctaw, divisé en séminole et muskoght ; le natchez ; leg idiomes sioux, dontfont partie le dacota, Passiniboine, Posage, etc. ; le pawni ; le comanche, parlé dans le Texas et le NouveauMexique. II. AMÉRIQUECENTIIALE :-Le maya., parlé dans l’Yucatan ; le lenca, répandu dans la république de Honduras ; les idiomes aztèques, qui ont pour type le nahualtou mexicain proprement dit ; l’otomi. ’ V

III. Amšruoua nu sup : - Le quíchua et-Paymara, parlés dans le Pérou ; les idiomes moxas, qu’on trouve dans’les vallées du Bio-Vcrniejo, du Rio-Grande del Chaco, du Pilcomayo et du Rio-Salade ; les idiomes guaranis, dont Varaucan ou chilien est un rameau, et qu’on parle depuis le nord du Brésil jusqu’aux bords de la Plata ; les idiomes caraïbes.. ’

Les idiomes américains que l’on connait présentent une similitude remarquable*de structure. Doués de formes grammaticales très-compliquées, ils ont des facilités de combinaison extraordinaires qui les ont fait appeler langues polysynthétiques, et qui les rangent dans les langues dugglatination. Ainsi le verbe, outre ses inflexions applicables aux variétés du temps, possède des modes nomb reux qu’on peut appeler réfléchis, tra-nsitifs, cor roboratifs, communicatifs, fréquentatifs, etc. Des préfixes et des suífixes indiquent si les objets sont animés ou inanimés, masculins ou féminins. Dans tous les idiomes, excepté l’iroquois, il n’y a qu’un pronom de la 3° personne pour les deux genres. Presque partout on trouve Ie duel dans la déclinaison. Les analogies dans la construction grammaticale des divers idiomes nous expliquent.pourquoi les Indiens qui. faisaient partie des missions espagnoles pouvaient, plus aisément queles Européens, apprendre la langue d’une autre tribu, et pourquoi les missionnaires adoptèrent le système de communiquer avec un grand. nombre de tribus à l’aide d’une des langues du pays. Sans doute aussi elles attestent une communauté d’origine entre les tribus indigènes de l’Amérique. Personne ne possédant tous les mots de la languede son pays, il est inévitable, dans les idiomes qui n’existent que par la communication orale, que des termes individuels tombent dans l’oubli ; en même temps, de nouveaux mots s’introduissent a mesure que de nouveaux besoins et de nouveaux objets attirent l’attention. Ces mots se combinent et se modifient suivant le génie de l’idiome auquel ils sont incorporés, etil peut arriver ainsi que les formes grammaticales d’une ancienne langue continuent de rester en vigueur, tandis que les matériaux ont’péri de vétusté. Les formes du langage sont permanentes, quoique les éléments qui le composent soient dans un état de mutation lente, il est vrai, mais constante.

Les langues américaines ne portent pas l’empreinte d’une origine commune avec celles de l’Asie, de l’Océanie, de l’Afrique et de l’Europe. Il n’y a d’exception que pour l’idiome des Esquimaux, qui appartient à la même famille que celui des Tchoutchis, peuple du N.-E. de l”Asie. On n’a pu trouver jusqu“ici, dans les langues du Nouveau Monde, qu’un peu plus de cent mots qui offrent une ressemblance de son et de sens avec des mots empruntés aux langues de l’ancien monde : les trois cinquièmes d’entre eux se rapportent aux dialectes mandchou, toungouze, mongol et samoyède ; les deux autres cinquièmes, au tschoude, au cophte, au celtique et au basque. De pareilles ressemblances sont trop peu nombreuses pour servir de base à la linguistique ; elles ne sont peut-être dues qu’au hasard ; les voyageurs, les marins, les missionnaires des diverses nations ont recueilli à la hâte, et par des moyens insuffisants de communication, les noms de quelques objets communs et de première nécessité, et leurs différents systèmes d’orthographe peuvent encore égarer le philologue. V. Vater, Traité des langues américaines ; J. Pickering, An essay on an uniform orthogra-1›hy for the Indian langages of Northern America, Cambridge, 1820, in-4o ; Duponceau, Mémoire sur le syslènia 8