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un devoir. L’ambiguité résulte ici de la forme elliptique du second membre de phrase. Au fond, l’ambiguïté, dans les deux exemples précédents, est légère ;’car un instant de réflexion la fait disparaître ; néanmoins, on ne saurait apporter trop d’attention pour éviter les expressions ambiguës, car le premier devoir de tout homme qui s’adresse au public est de se faire entendre et de s’exprimer avec netteté.- Uambiguité dans les textes des lois, dans la rédaction des articles d’un traité, d’un contrat, etc., a été.de tout temps une source de procès, de rixes et de querelles sanglantes. En Droit, ce qui est ambigu s’interprète, soit dans le sens dont peut sortir un effet, soit dans celui qui convient le mieux à la matière, soit d’après les usages locaux : dans le doute, la clause ambiguë s’entend contre celui qui a stipulé et en* faveur de celui qiiålq contracté obligation (Code Napoléon, art. #56* +. ~.

AMBIBA, instrument de musique du pays de Mozambique, composé de verges » en fer. plates, minces et étroites, fortement trempées, de longueurs inégales, et disposées sur un seul rang dans un morceau de bois creux. Quand on en joue avec l’ongle du pouce, on croirait entendre une sonnerie de petites cloches.

AMBITION (du latin ambire, briguer), désir d’avancement et de supériorité, passion qui nous pousse à étendre la sphère de notre pouvoir. Au point de vue de la Philosophie, l’zunbition est une des manifestations de l’amour de soi. Elle ne naitrait jamais, si notre force pouvait toujours se développer librement, parce que nous jouirions de notre pouvoir sans privation aucune, et, par conséquent, sans désir. Mais l’opposition d’autres forces nous arrête perpétuellement ; de la résulte en nous un désir véhément de briser les obstacles, désir qui n’est autre que l’ambition. Soutenir que cette passion est une révolte coupable de notre nature contre les décrets de la Providence, qui ne nous permettrait pas de sortir de la condition où nous sommes’et de franchir les barrières dont nous nous sentons environnés, ce serait vouloir, pour la nature humaine, dont l’activité est toute l’existence, une résignation et une inertie impossibles : on aboutirait d’ailleurs à cette conséquence morale, que l’inertie est impeccable, et que toute vertu, tout mérite, par cela seul qu’il est un acte, est blamable. Il est incontestable, au contraire, que des épreuves sont proposées a notre courage et li notre persévérance, et que l’ambition est un elfort légitime de notre nature : l’étoufi’er, ce serait rejeter sa tache et d’abdiquer soi-même, ce serait détruire le principe de tout progrès humain. Le caractère moral de l’ambition dépend du but qu’elle poursuit et des moyens qu’elle emploie. La distinction qu’on doit faire ici est si réelle, que, même dans le langage ordinaire, on dit une noble, une généreuse ambition. Telle ambition passe pour force d’esprit et de vertu, telle autre pour vice et crime. Bacon disait : « Il y à trois sortes d’ambition : la première, c’est de gouverner un peuple et d’eu faire l’instrument de ses desseins ; la seconde, c’est d’élever son pays et de lui assurer la suprématie sur tous les autres ; la troisième, c’est d’élever l’humanité tout entière, en augmentant le trésor de ses connaissances. À L’ambition est coupable quand elle emploie la ruse, la bassesse ou la violence pour atteindre, au détriment d’autrui, l’objet qu’elle convoitc. l’ambitieux, dans l’acception mauvaise de ce mot, est nécessairement égoïste ; il ne veut du pouvoir que pour lui seul, il n’est préoccupé que de sa propre élévation, et il sacrifie à sa passion son caractère, son repos, et ceux même de ses semblables qui lui ont servi d’instruments. - L’ambition est Fennemie de notre indépendance, car, selon la remarque de La Bruyère, l’esclave n’a qu*un maître, l’ambitieux en a autant qu’íl y a de gens utiles à sa fortune. » Comme les autres passions, elle promet le bonheur et ne le donne jamais :

Que vous vous tourmentez, mortels ambitieux. Désespérés et furieux, -

Ennemis du repos, ennemis de vous-mêmes !

  • (LA Fosnnuz, Daphne.)

Les Romains, qui avaient élevé*un temple à l’Ambition, la représentaient avec des ailes et les pieds nus : image ingénieuse -de la hauteur de ses visées, et de la misère que presque toujours elle recueille. Rien de plus saisissant que ce tableau des tortures de l’ambitieux, tracé par le moraliste : «Ses désirs croissent avec sa fortune ; tout CQ qui est plus élevé que lui le fait paraitre petit 21 ses yeux ; il est moins ilatté de laisser tant d’hommes derrière lui, que rongé d’en avoir encore qui le précèdent ; il ne croit rien avoir s’il n’a tout ; son ame est toujours avide et altérée, et il ne jouit de rien, si ce n’est de ses malheurs et de ses inquiétudes. Ce n’est pas tout. De l’ambition naissent les jalousies dévorantes ; et cette passion, si basse et si lâche, est ppurtant le vice et le malheur des grands. Jaloux de la réputation d’autrui, la gloire qui ne leur appartient pas est pour eux comme une tache qui les ilétrit et qui les déshonoreilaloux des grâces qui tombent a côté d’eux, il semble qu’un leur arrache celles qui se répandent sur les autres. Jaloux de la faveur, on est digne de leur haine et de leur mépris, dès qu’on l’est’ de l’amitié et de la faveur du maître ;.laloux même des succès glorieux a l’État, la joie publique est souvent pour eux un chagrin domestique, un deuil secret. Enfin, cette injuste passion tourne tout en amertume, et on trouve le secret de n’être jamais heureux, soit par ses propres maux, soit par les biens qui arrivent aux autres. » B. L’éloquence et la poésie se sont beaucoup occupées de l’ambition. Bossuet, dans l’oraison funèbre, en a montré le vide et les déceptions ; et, dans l’histoire, il l’a représentée comme un des instruments les plus efficaces de la Providence. Massillon a composé les amples et éloquentes dissertations de son Petit Cardme pour prévenir cette passion et la détruire dès le germe dans le›cœur d’un roi enfant, dont elle ne devait pas être le défaut. La Bruyère a dirigé contre elle les traits d’une satire un peu pénible, surtout quand il l’attaque dans la personne de Guillaume HI ; et Montesquieu, dans le Dialogue de Sylla et d’Eucrate, colore les souvenirs sanglants d’une ambition trop célèbre, en lui attribuant des vues et une portée qui n’ont existé sans doute que dans la brillante imagination de Fécrivain. Les- poëtes aiment à peindre l’ambition ; car elle est, après l’amour, l’un des ressorts les plus puissants du drame, et le fond même de la tragédie historique. César a inspiré tour a tour Lucain, Shakspeare, Corneille et Voltaire. Virgile n’a pas peint l’ambition, endormie sous Auguste dans la lassitude des guerres civiles ; il n’a fait d’Enée qu’un instrument de la volonté des dieux. Mais Racine a trouvé, dans son génie comme dans l’histoire, les traits dont il a peint l’aml›ition, presque victorieuse de l’amour paternel chez Agamemnon ; défendant, à force d’énergie et d’adresse, le pouvoir à demi ruiné dYAgrippine ; luttant contre Di.u lui-même, avec la hauteur impie, mais imposante, d’Athalie. Ambitieux d’une autre sorte, Acomat personnifie Ie génie des ministres qui veulent faire des souverains et partager avec eux ; Mathan et Narcisse, la basse méchanceté des favoris qui veulent parvenir à. tout prix. Les grands maîtres tragiques ont excellé dans ces conceptions vigoureuses. Coriolan, César, Richard III, comptent parmi les chefs-d’oeuvre de Shakspeare. Corneille, aussi sublime que le poëte anglais, et peut-être plus profond, a exprimé dans Auguste la lassitude et les dégoúts de l’ambition ; dans Pompée, les capitulations et les subtilités où elle engage la conscience ; dans le roi d”Égypte et ses conseillers, les lâches irrésolutions et la méchanceté cynique où elle tombe avec les ames vicieuses. L’admiration des siècles a consacré ces fortes peintures d’une passion capable de toutes les bassesses et de toutes les grandeurs ; car on l’a vu-même se maîtriser ot s’arrêter sur la pente de Paveuglement et de l’ivresse, pour se dire à elle-même : u Tu n’iras pas plus loin. u A. D. AMBITUS, chez les Grecs et les Romains, petite niche dans les tombeaux souterrains, où l’on plaçait une urne. Au moyen âge, ces niches s’agrandirent pour recevoir des cercueils, et prirent le nom d’em’eus (V. ce mot).amarres, dans fes anciens auteurs ecclésiastiques, est un terrain consacré autour d’une église, ordinairement rempli de tombes, et servant de lieu d’asile pendant le moyen âge. On ne permet plus, de nos jours, d’inhumer dans les villes autour des églises, et la plupart des ambitus ont disparu. E. L.

ruuxnrus, terme autrefois usité en musique pour désigner l’étendue de chaque ton ou mode du grave à l’aigu, le champ et comme la circonférence dans lesquels la mélodie devait se renfermer. L’ambitus était la règle de plain-chant qui prescrit de ne pas dépasser les limites de l’octave ; les modes qui dépassent *l’octave sont dits super/lus, et ceux qui n’y arrivent pas, dimínués. Enfin, dans une fugue, on nommait ambttus l’observance des tons marqués pour faire les transitions. Ces tous étaient : l° la quinte, qu’on appelait clausula primaria ; 2° la sixte, ou, si c’était un mode mfheur, le mode majeur de la tierce, clausula secundaria ; 3" la tierce, ou, si c’était’ un mode mineur, la sixte, clausula tertiarm. li,