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préface.

Ann* HH *AM n

auprès des plus grandes cours, -que des ministres de seconde classe. - La Russie a des ambassadeurs de même que l’Autriche. - Le traitement des ambassadeurs de France est moindre de près d’un tiers que celui des ambassadeurs d’Angleterre et de Russie : les nôtres reçoivent, à Londres et à S’-Petersbourg, 300,000 fr. ; à Rome, 120,000 ; à Vienne, 200,000 ; à Madrid, 1l0,000 ; à Berne, 100,000 ;’ 21 Constantinople, 130,000. Ils ont en outre des frais de vo âge et d’installation proportionnels. Une seule ambassade, celle qui est accréditée à Constantinople, est logée dans un hôtel appartenant ù. la France. Ce palais, établi à Péra, avait été offert en présent à la France par le sultan. Un incendie l’ayant détruit, il a été rebati par un architecte français. Par réciprocité, la Francefournit un hôtel à. l’ambassade ottomane. L’ambassade anglaise occupe à Paris un hôtel qui est la propriété de l’Angleterre. Celle de Russie est logée aux frais de son gouvernement. L’hôtel occupé par la légation de Prusse, ancien hôtel du prince Eugène-Napoléon, est la propriété du gouvernement prussien..

Uinstitution des ambassadeurs permanents n’est point contemporaine des monarchies : elle a été successivement consacréå suivzånt les nåcessäés politiques. Nos premiers am assa eurs poste xe, éguisés parfois sous le titre de chargés des affaires, ont figuré près du Saint-Siege, du roi g fis pagne, de l’empereur d’Allemagne, du Khalife et du rand Turc. A la fin du xvi’siècle, il avait des missions françaises à résidence fixe presque šartout. La Turquie et-la Perse, restées en dehors de ce mouvement diplomatique, j* sont entrées aujourd’h ui : la Porte entre-Paiis un ambassadeur résidant, mais seulement ’ tient a *  ›

depuis 1834 ; la Perse a un ministre depuis l’année1859. l’ambassadrice jouit, en France et en Autriche, d’un rang personnel, et n’a pas, comme dans les autres cours, le simple reflet de la dignité de son mari. Elle à une réception solennelle spéciale à laquelle elle est conduite, dans les carrosses du gouvernement, par le service descúrémonies et par une dame désignée, et, comme l’ambassadeur, elle prend desjours de réception pour son installation. Pendant eesjours, la dame désignée pour Passister lui nomme et lui présente les.hauts fonctionnaires et les damesvqui viennent la visiter. L’histoire cite une ou deux femmes qui, sans que leurs maris f ussent ambassadeurs, ont été *personnellement ambassadrices. Ainsi Renée Du Bec, veuve du maréchal de Guébriant, fut chargée, en 1045, avec le titre d’ambassadrice extraordinaire, de conduire au roi Vladislas de Pologne la princesse Marie-Louise de Gonzague, que ce prince avait épousée à Paris par procureur. La mère du duc, depuis maréchal de Richelieu, remplit des fonctions de même nature, mais sans le titre public et formel d’ambassadrice. F, ng C,

— AMBE. V. Lorema et Lore.

AMBESAS. V. Tnicrnac. *-AMBIGU,

jeu de cartes, ainsi nommé parce qu’il participe de plusieurs autres, comme dans l’art culinaire un ambigu tient le milieu entre le déjeuner et le diuer par l’heure où il est servi et par la nature des mets dont il se compose. Le nombre des joueurs peut varier de 2 a 6. On prend un jeu complet, dont on a. retiré les figures, et on distribue a chaque joueur, de droite a gauche, deux cartes, l’une après l’autre. Chacun, ainsi qu’a la bouillotte, peut s’y tenir, ou demander, soit une, soit deux cartes nouvelles. On répète l’opération, de telle sorte que les joueurs ont quatre cartes. Puis, ceux qui ne renoncent pas aux enjeux préalablement déposés dans la corbeille, abattent après que personne ne relance plus. Il y a 6 chances de gain : ° le point, qui est la réunion du plus grand nombre de cartes de la même couleur dans une seule main, et par lequel on gagne les enjeux ; 2° la prime, réunion de 4 cartes différentes, meilleure que le point, et par laquelle on gagne, en outre des enjeux, 2 mises si ces cartes forment moins de 30 points (petite prime), 3 mises s’il y en a plus de 30 (grande prtme) ; 3° la séquence ou tierce, c.-à-d. 3 cartes qui se suivent, ce qui vaut 3 mises et l’emporte sur.la prime et le point ; 4° le tricon ou brelan (3 cartes de même ordre), meilleur que les trois chances précédentes, et payé 4 mises ; 5° le flux (4 cartes de même couleur qui se suivent), gagnant 5 mises ; 6° le /"redon (4 cartes de même ordre, ou brelan carré), le meilleur coup, gagnant 8 mises, sans compter les 2 ou 3 mises afférentes à la petite ou grande prime qui est contenue dans ces cartes. AMBIGU-COMIQUE, un des théâtres de Paris, fondé en, 1769 sur le boulevard du Temple par Audinot, acteur de la Comédie-italienne. Ce fut d’abord un théâtre de marionnettes ; la première pièce qu’on y joua, intitulée les Comédiens de bois, et dans laquelle on reconnut la caricature des artistes de la Comédie-Italienne, eutfun succès immense. Malgré les intrigues des diverses compagnies dramatiques, Audinot obtint bientôt, par la protection de M. de Sartines, lieutenant de police, l’autorisation de remplacer ses marionnettes par des enfants. Bien que le théâtre primitif d’Audinot ne contint que 400 personnes au plus, et que les places les plus chères fussent de 24 sous seulement, les bénéfices de l’entreprise permirent d’agrandir plusieurs fois la salle, qui fut enfin reconstruite entièrement en 1786. L’Ambigu-Comique fut une pépinière d’artistes : la se formèrent Damas, Michot, Varennes, qui finirent brillamment leur carrière au Théatre-Français ; Bordier, surnommé le Molé du boulevard ; Julie Dancourt, célèbre -pantomime ; M” Gardel, danseuse de l’Opéra. Audinot créa un genre qui fit fureur, la grande pantomime historique et romanesque, avec une riche mise en scène : la Belle au bots dormant, le Masque de fer, le Capitaine Cook, la Foret-Noire, les Quatre Fils Aymon, Hercule et Omphale, le Marechal des logis, l’Héroïne américaine, le Baron de Trenclr, C’est le Diable ou la Bohémienne, l’En/’ant du malheur, etc., formaient un répertoire agréablement varié par de jolies comédies qu’écrivaient Moline, Plainchène et Galliot de Salins. La Révolution, en multipliant les théütres, causa la ruine de l’Ambigu-Comique, qui, après de longs efforts, dut fermer en 1799. Depuis 1801, il recouvra sa prospérité par l’inauguration du mélodrame : c’est la brillante époque de Guilbert de Píxérécourt et de Caignez, surnommés le Corneille et le Racine du boulevard, de Victor Ducange, d’A. Béraud, etc. Parmi les pièces qui obtinrent alors le plus de faveur, on distingue le Jugement de Salomon, la Forét d’11ermanstadt, la Femme d deux mans, T ékéli, la Bataille de Pultawa, Thérèse, le Fils banni, Calas, Ltlsbeth, les Machabées, les llleœicatns, Cardtllac, etcl En 1827, l’Ambigu brûla : une nouvelle salle, construite sur le boulevard S’-Martin, au coin de la rue de Bondy, par Hittorf et Lecointe, et décorée de belles peintures par Jouanis, Desfontaines et Gosse, fut ouverte en 1828. Pendant plus de dix ans, ce théâtre fut peu prospère ; malgré les effortsdartistes tels que Frédérik Lemaître, Bocage, Guyon, Albert, Francisque, M. et M” Mélingue, lI’“° Dorval, etc., il n’obtint que des succès isolés ; le théâtre de la Porte-Saint-Martin lui faisant une rude concurrence, il fallut abandonner les pièces à spectacle, telles que le Festin de Balthazar, le Juif errant, Nabucltodonosor, pour entrer.dans la voie du drame que suivait cet heureux rival. Les principales pièces qui relevèrent, la fortune de l’Ambigu furent : Glenarvon, de M. Malefille ; Gaspardo, Lazare le Pátre, Jean le Cocher, de M. Bouchardy ; les Bohémiens de Paris, de M. Dennery ; Paris la nuit, de M. Cormon ; les Mousquetaires, d’Alex. Dumas ; le Fils du diable, de Paul Féral ; les Amants de Murcie, les Étudiants, la Closerie des genéts, de Fréd. Soulié, etc. Aujourd’hui, l’Ambigu, pas plus que les autres théâtres du boulevard, n’a de genre qui lui soit propre. B.

AMBIGUITE (du latin ambiguitas, formé de ambiguus, qui se rattache au verbe ambigo, c.-à-d. ago animum in a-mbas par les, j’agite mon esprit en deux sens différents), défaut de’l’élocution, qui consiste à laisser l’esprit incertain sur le vrai sens d’une expression, laquelle semble exprimer une chose, tandis que l’orateur ou l’écrivain en a pensé une autre. On remarque ce défaut dans le 4* des vers suivants adressés par Néarque a Polyeucte (I, 1) : *

Avez-vous cependant une pleine assurance D’avoir assez de vie ou de persévérance ? Et Dieu, qui tlent votre âme et vos Jours dans sa main, Promehil ix vos vœux de la vouloir demain ? ’ De le vouloir signifie, dans la pensée du poëte, que vous le tzoudrez. Mais l’esprit s’arréte d’abord incertain ; car, selon les règles générales de la construction et de la syntaxe françaises, cet infinitif semble avoir le même sujet que le verbe promet ; et, d’autre part, il ne serait pas absurde d’entendre que Dieu, maître de l’âme de Polyeucte, ne voudra peut-être plus lui inspirer une si glorieuse résolution. - Ce vers du Cid n’est pas nón plus, au premier abord, sans quelque ambiguïté : L’amour : fest qu’un plaisir, et l’honneur un devoir ; car il semble que Corneille veuille dire et l’h.onneur n’asi qu’un devoir, tandis qu”il veut dire : Mais l’honneur au /