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préface.

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ABAISSÉ, dans le blason, se dit de toute pièce placée au-dessous de sa situation ordinaire. ~—ABANDON, renonciation à une chose pour être exempté de certaines charges. ; Le Code de commerce (art. 216, modifié par la loi du 14 juin 1841) permet a l’al-mateur d’al›audonner le navire et le fret, pour échapper à la responsabilité des faits du capitaine + On peut, ’a l’elI’et d’obtenir le montant d’une assurance maritime, abandonner, en cas de sinistre, à l’assureur la chose assurée. On peut échapper aux frais d’entretien d’une haie, d’un fossé ou d’un mur mitoyen, en abandonnant le droit de mitoyenneté ; à une servitude, par l’abandon du fonds qui en est frappé ; à. la contribution dont une terre vaine et vague est frappée, par l’abandon de cette terre à la commune ; au paiement des dettes d’une succession, en renonçant à tout ce qui la compose. - D’après la loi du 8 frimaire an vn, le propriétaire d’un marais peut abandonner une partie de cette propriété, en échange des frais occasionnés par le dessèchement de l’autre.- Un débiteur se soustrait aux poursuites de ses créanciers en leur abandonnant ses biens (V. Cession on nuzus). - En matière de douane, nul ne peut être contraint à payer les droits de marchandises a lui adressées, s”il fait par écrit abandon de ces marchandises. Mais on ne se libère pas d’une hypothèque par l’abandon de sa propriété, parce qu’ici c’est la personne et non la chose qui se trouve engagée. Dans le droit criminel, l’Abaudon’des enfants est un crime (V. ENFANTS /ns/lNnoNNiãs) ; il y a délit ou contravention à. abandonner des animaux (V. Anuu/ux) ; on encourt même une amende par l’abaudon’, sur la voie publique, d’instruments ou outils dont les malfaiteurs pourraient abuser.

Dans le style, on nomme abandon cette manière simple, facile et naturelle de s’exprimer, où l’écrivain se laisse aller au mouvement du sentiment et de’la pensée, et qui exigerait beaucoup d’art si elle pouvait être factice. L’abandon a pour contraires l’afl’ectation, l’effort, la recherche ; c’est un laisser-aller de bon goût, mais non la négligence. B. ABAQUE, du mot grec abaw, table, tablette ; mot par lequel on désigne, en architecture, ’une des parties les plus anciennes et les plus essentielles de la colonne, dont elle forme le couronnement. Pour ceux qui veulent voir dans la colonne primitive le tronc d’arbre destiné supporter le toit de la huttc, l’abaque était la pierre qui, placée sur la tête de l’arbre, offrait un plus rand empattement à l’extrémité de la poutre supérieure (V. ci-dessous /ig. 5). Une pierre semblable étant placée au-dessous de l’arbre, on eutainsi la base et le chapiteau de la colonne dans leur plus grande simplicité. On trouve l’abaque primitif dans les monuments de l’Égypte, , où il consiste en un simple dé carré, dans les ruines de Pœstum, et dans le premier ordre dorique de la Grèce. Les progrès dans les arts firent disparaître cette simplicité. En Égypte, ›notamment aux temples de Dcndérah et de Louqsor, l’abaque fut orné de caractères hiéroglyphiques ou d’élégantes têtes d’Isis et de ’I’yphon. Ses proportions y sont arbitraires : tantôt il ne dépasse point en saillie le diamètre de la colonne qu’il surmonte, tantôt il lui est égal, ou même il est plus étroit. -En Grèce et à Rome, l’abaque, enrichi de moulures, (V. fig. 2), désigna spécialement le couronnement des chapiteaux des’ordres dorique et ioni ue. Celui du chapiteau toscan est quelquefois appelé pïinthe, parce que, n’étant pas orné de moulures, il est semblable à la plinthe de la base. L’abaque du dorique correspond exactement à. la largeur de la plinthe sur laquelle repose la colonne ; il a donc un diamètre et un sixième. L’aba ue, devenant plus riche, plus taillé, prit le nom de taitllloir dans les ordres corinthien et composite ; il fut alors échancré sur ses faces. porta au milieu de chacune d’elles une rose ou tout autre ornement, et se décora de fleurs, de perles, d’enroulements ; ses angles, abattus en chanfrein, prirent le nom de cornes, et se posèrent sur de gracieuses volutes (V. fig. 4). Dans l’ordre corinthien, l’abaque est la 7° partie du chapiteau. — L’abaque, à partir du moyen âge, suit, en se modifiant, les diverses phases de l’architecture. Il revient à son état primitif au commencement de la période romane-byzantine : ce n’est plus qu’une masse carrée, lourde et sans ornements, égale souvent à la moitié de la hauteur du chapiteau, comme on le voit à S’-Martin d’Angers età. la basse-œuvre de Beauvais ; il se compose d’une plinthe et d’un chanfrein’ou d’un cavet at, fréquemment séparés par une sorte d’anglet ; puis il se creuse sur les tranches, et les arêtes des angles s’abattent. Au xi° siècle, les moulures reparaissent ; et le siècle suivant voit s’y développer toutes les richesses de l’architecture romane secondaire : les modillons, les denti’ cules, les étoiles, ’les perles, les damiers, etc..lusqu’au xm° siècle, Pahaqite ne faisait pas corps avec le chapiteau ; depuis cette époque, il est généralement pris dans la même assise de pierre. Pendant la période ogivalc, l’abaque devient octogonal (V. fig. 4), et, dans ses nervures finement profilées, viennent se placer les crochets, les trèfles, les ceps de vigne et les choux frisés. Parfois, les feuillages et les ornements des chapiteaux débordent la saillie, des tailloirs, ainsi qu’on le voit il la cathédrale de Nevers. Au xme siècle, il y eut des abaques circulaires (V. fig. 5) ; les cathédrales de Coutances et de Bayeux en fournissent des modèles ; mais ils sont plus communs en Angleterre. Ailleurs, l’abaque est brisé, 21 angles saillants (V. fig. 6). Il s’ell’acc ou disparaît un moment, a l”ó-3 ’ 2 4

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poque du style ogival tertiaire (xivt et xv’siècles), avec les faisceaux de colonnes remplacés par les nervures prismatiques ; il est souvent perdu au milieu des ornements du chapiteaux mais, au temps de la Renaissance, il reparait dans toute sa pureté antique. E. L.

Anaoue, nom donné, chez les Romains, à tout panneau décoratif d’appartement, à. tout revêtement de forme carrée, d’abord en marbre, en verre ou en terre cuite, plus tard enrichi de peintures. Le magnifique navire construit par Archimède pour Hiéron, roi de Syracuse, avait un carrelage composé d’abaques de ce genre. Par suite, on nomma Abacules les petits carrés de marbre ou de verre dont la mosaïque est formée. H.

aimons, nom donné par Vitruve aux plaques carrées de bronze doré, dont on couvrait les maisons somptueuses. Anaonn, espèce d’armoire ou de buffet, destiné, chez les anciens Romains, à différents usages. Dans le magasin d’un marchand, c’était le comptoir ; chez les boulangers, le pétrin. Dans la salle à manger (triclinium), l’abaque, ordinairement en marbre, supportait les amphores et les cratères ; c’était le meuble que les Italiens ont appele plus tardicredenza, et correspondant à nos buffets et étagères. On voit, au›cabinet des Antiques de Paris, deux abaques de ce genre, figurés sur un vase de sardoine provenant du Trésor de l’abbaye de S’-Denis, et deux autres sur un canthare d’argent trouvé dans les fouilles de Bernay. lLe nom d’abaques paraît avoir été aussi appliqué aux pièces d’argenterie des étagères. ~ B.

AsAQun, jeu en usage chez les Grecs, qui l’appelaient aussi jeu de Palamèdes. On y jouait avec des dés et des pions. En général, toute table carrée sur laquelle on jouait aux dés s’appelait abaque.

ABASE (Idiome). V. CAUCASIENNES (Langues). ABASSI, monnaie d’argent de la Perse, frappée depuis le règne d’Abbas III, et valant environ 0 fr. 90 c. Grande comme les anciennes’pièces de15 sous de France, elle porte d’un côtéla profession de foi des musulmans, et de l’autre le nom d’Ahbas avec celui de la ville où elle a été frappée. *

ABATAGE des animaux et des arbres. V. Anarrom, Éooanmssscn, Annnss.-ABATELLEMENT,

nom donné, dans le Levant, à la

sentence par laquelle un consul interdit tout commerce avec les négociants de mauvaise foi., qui ont résilié leurs marchés ou n’ont pas payé leurs dettes, et leur défend d’intenter aucune action pour le recouvrement de leurs propres créances.

ABAT-FOIN, ouverture pratiquée dans certaines constructions rurales, entre le magasin à fourrages et l’étable ou l’écurie, pour faire passer aux animaux leur nourriture. Outre que les gens de service peuvent ne pas rationner les bestiaux, et d’exempter d’une surveillance fré*quente en remplissant d’une seule fois et pour longtemps les râteliers, l’établs et l’écurie ont des exhalaisons qui gàtent souvent les fourrages. L’économie prescrit de supprimer les abat-foin. *