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qu’il y a en Dieu trois personnes ; il les commente avec beaucoup de précision et de force. Il explique la différence entre la nature divine commune et la personne par des comparaisons qu’il trouve dans la nature créée et dans la vie pratique. Il termine en résolvant quelques difficultés que l’on trouve dans divers passages bibliques et que les infidèles objectent contre le dogme de la Sainte Trinité.

Le troisième (p. 48-71) est une excellente dissertation scolastique dans laquelle Abou-Kurra explique dans quel sens il faut admettre ces mots : « Le Verbe Éternel est mort pour nous. » Il met en parallèle les diverses croyances des hérétiques, qui se contredisent entre eux, et la foi catholique qui tient toujours le juste milieu. Il explique la doctrine catholique relative à ce dogme ; ensuite il combat les Nestoriens qui, ne croyant pas à l’union hypostatique (c’est-à-dire une seule personne en Jésus-Christ), enseignent que c’est la nature humaine seule qui a souffert la passion et la mort ; il démolit aussi les Jacobites qui enseignent qu’il a une nature composée et croient qu’il est mort dans sa divinité. Il termine cette dissertation en soumettant sa doctrine au magistère de l’Église. Il écrit : « Nous sommes dans tous les cas, par la grâce du Saint-Esprit, édifiés sur le fondement de saint Pierre, qui a dirigé les sept saints conciles convoqués par l’ordre de l’évêque de Rome, la Ville (métropole) de l’Univers dont le titulaire est chargé de tourner avec son Concile œcuménique vers les enfants de l’Église pour les affermir, comme nous l’avons démontré ailleurs dans plusieurs endroits[1]. Nous supplions le Christ de nous affermir pour toujours sur ce fondement, pour hériter son royaume en accomplissant ses commandements. Grâces à lui, avec le Père et le Saint-Esprit, dans le siècle des siècles. »

Le quatrième (p. 71-75) est une courte démonstration de l’Évangile. Dans ce petit traité, Abou-Kurra fait voir que le Christianisme est non seulement dépourvu des intérêts qui captivent le cœur ici-bas, mais fait encore une guerre acharnée aux plaisirs, aux honneurs, à la religion nationale, à l’ignorance et à tout ce qui est propre aux fausses religions dont il est diamétralement l’opposé. Ensuite, de la conversion des Gentils par la vertu des miracles des Apôtres et de la pureté de leur morale, il conclut la divinité de cette religion.

Le cinquième (p. 75-83) a pour titre : « Comment on peut connaître Dieu et prouver l’existence du Verbe Éternel. » Abou-Kurra procède en indiquant en général les voies par lesquelles on acquiert la connaissance : la vue, l’effet, le semblable et le contraire. Il traite les trois derniers en démontrant qu’ils nous conduisent comme des voies claires à la connaissance de Dieu et de ses perfections, et surtout ils nous montrent que Dieu peut avoir un fils coéternel comme le croit effectivement l’Église et comme l’ont enseigné les Prophètes et les Apôtres. Cette apologie délicate est adressée, selon toute apparence, aux infidèles.

  1. On voit clairement qu’Abou-Kurra a traité ce sujet plusieurs fois dans ses écrits.