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Notre grande édition des Œuvres arabes d’Abou-Kurra a été faite d’après un manuscrit que j’ai trouvé dans notre bibliothèque du couvent de Saint-Sauveur. Ce manuscrit a été copié en 1735 sur l’ancien manuscrit que Assemani a vu dans la bibliothèque d’Eutyme, archevêque de Tyr et Sidon, et fondateur de notre couvent[1]. Ce dernier a été écrit en 6559 de la création (1051) par le moine Agabi, du couvent de Saint-Élie, dans le district de Tripoli, sur un manuscrit plus ancien écrit à Saint-Sabba, comme le déclarent les deux copistes[2]. Mgr Basile, qui a écrit notre manuscrit, a noté des variantes sur la marge de sa copie : cela indique qu’il a utilisé le manuscrit dont il parle dans le sien avant ce traité, ou qu’il a confronté sa copie sur le manuscrit de Saint-Élie.

Nous aussi, nous avons utilisé pour notre édition deux grands fragments. Le premier, qui renferme sept pages de texte de ce traité, est rapporté dans une longue lettre qu’Eutyme, archevêque de Tyr et Sidon, a écrite en 1720 à quelques évêques orientaux pour leur démontrer la nécessité de l’union de la foi[3]. Nous avons trouvé le second fragment dans un manuscrit du xve siècle de notre bibliothèque de Saint-Sauveur. Il occupe 12 pages dans le texte de la grande édition (p. 50-62).

Cette édition en 200 pages in-8o renferme neuf traités avec une longue lettre dogmatique : nous allons en donner une courte analyse.

Le premier de ces traités (p. 9-22) est dirigé contre les infidèles et les Manichéens. Abou-Kurra prouve à ses adversaires, par des arguments philosophiques et théologiques, que l’homme est libre de sa nature, de sorte qu’il est impossible de le contraindre d’aucune manière ; il réfute ensuite leurs objections tirées des textes bibliques et de la prescience divine.

Le second traité (p. 23-47) est une démonstration ou justification de la doctrine chrétienne au sujet du dogme de la Trinité ; il est dirigé contre les juifs et les infidèles. Abou-Kurra donne au commencement une définition générale de la foi ; il démontre ensuite la nécessité pratique de la foi dans cette vie, et divise ceux qui ont la foi en trois catégories : 1° Ceux qui croient seulement aux choses ordinaires de la vie humaine (positivistes) ; 2° ceux qui croient aux choses divines à l’aveugle, sans motif ; 3° les croyants raisonnables qui s’appuient sur la prophétie et les miracles comme motifs de crédibilité ; et il en conclut la nécessité de la foi divine à l’inspiration des Livres saints. Il en cite plusieurs passages qui démontrent

  1. Bibl. Or., t. II, p. 292, note.
  2. Basile était le disciple d’Eutyme et son assistant dans la fondation de notre Congrégation. Il fut évêque de Panéas en 1724. C’est le premier-né des évêques de cette Congrégation de Saint-Sauveur où l’on compte actuellement sept archevêques et évêques. Basile, avant ce traité, qui est le dernier dans notre manuscrit, a écrit cette note : « Notez bien, lecteur, que c’est une autre copie prise sur celle de Saint-Sabba près Jérusalem, copie originale de notre livre. » On ne sait pas si ce second manuscrit renferme tous les traités d’Abou-Kurra ou seulement ce dernier traité.
  3. Ce fragment se trouve dans la grande édition (p. 134-170), et dans l’édition du texte de ce traité imprimé ici avec traduction (p. 16-27).