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a défendu à quiconque d’enseigner à l’Église une doctrine autre que celle qu’il a enseignée lui-même, et que le concile antérieur a aussi défendu de rien ajouter à sa décision et d’en rien supprimer. » Si cela te semble bon, hérétique, tu nous réduis facilement à garder les livres de l’Ancien et du Nouveau (Testament), nous pourrons dire sans souci avec Arius : « Le Fils est créé », et nous dirons impunément avec Macédonius : « Le Saint-Esprit est créé », et sans crainte d’être blâmés nous confesserons la doctrine de qui nous voudrons d’entre les hérétiques, en judaïsant le Christianisme, comme nous l’avons déjà dit.

Mais c’est tout le contraire. Hérétiques, vous avez mal entendu la pensée des Pères ; car la sainte Église ressemble au fils du roi, et les Pères sont les médecins à qui le roi confia le soin de lui conserver la santé et d’en éloigner toute maladie et toute faiblesse ; or les hérésies ne sont que des maladies et des faiblesses. Le médecin à qui a été confié son corps ne commet pas une faute si, voyant le corps du fils de ce roi saisi par une maladie, il chasse cette maladie par un traitement approprié. Et si, après cela, il vient à dire : « Il est défendu à quiconque de changer la moindre chose au traitement que j’ai prescrit », nous comprenons que ce médecin veut seulement dire qu’il n’est permis à personne de soigner cette maladie par un traitement différent de celui qu’il a prescrit lui-même. Ce médecin ne dit pas aux médecins qui viendront après lui : « Si le (corps du) fils du roi a dans la suite une autre maladie, il n’est pas permis de le soigner autrement » ; sinon il mettrait l’enfant du roi en péril et il serait traître et ennemi du roi. Ainsi chacun de ces saints conciles a préparé un remède propre à l’hérésie qui a surgi à son époque, et il a fait connaître à tout le monde que le remède qu’il lui prescrit est efficace et approprié à la maladie de cette hérésie, et que personne ne doit la traiter ni la combattre d’une autre manière qu’il a fait lui-même. S’il défendait aux médecins spirituels qui viendront après lui, quand une autre hérésie se manifestera dans leur vie, de lui préparer un autre remède et de faire cesser la maladie, il serait traître et ennemi du Christ. Plaise au ciel que jamais un concile réuni par le Saint-Esprit ne soit ainsi !