raisonner ainsi : « Le prophète auquel Moïse m’a ordonné d’obéir est sans doute ce Jésus qui faisait des miracles innombrables, autant que Moïse n’en a jamais fait ; et si Moïse n’avait rien dit à son sujet, ces miracles seuls m’obligent avec raison de l’accepter sans exiger une prédication antérieure en sa faveur pour prouver sa mission de la même manière que j’ai accepté Moïse. »
Il faut savoir, Juif, que ce prophète est législateur et maître d’une nouvelle alliance ; c’est pourquoi le Seigneur vous a ordonné d’une manière toute particulière de lui obéir, et il vous a souvent réitéré cet ordre. Voici ce qu’il dit dans Jérémie : « Des jours viennent, dit le Seigneur, où je ferai pour les enfants d’Israël et pour la maison de Juda une nouvelle alliance, non comme celle que j’ai faite pour leurs pères lorsque je les ai fait sortir de la terre d’Égypte. » (Jer., xxxi, 31.) David dit au Seigneur : « Donnez-leur, Seigneur, un législateur, afin que les nations sachent qu’ils sont des hommes. » (Ps. ix, 20.)
Tu dis, Juif : « Mes ancêtres, qui étaient contemporains de ce Jésus et qui l’ont vu, sont tous morts, et par conséquent je ne connais pas qu’il a fait des miracles. » Nous te dirons : Il est bien facile pour toi de connaître cela, si tu désires sincèrement ton salut ; car tu devais savoir que Jésus-Christ a fait ces miracles qui ont converti les Gentils, et ont fait embrasser sa doctrine en faisant faire la guerre à leurs esprits, à leurs passions et à leurs plaisirs, de sorte qu’ils ont laissé l’abondance pour la pauvreté, la licence pour la chasteté, la richesse pour les angoisses de la vie, la mollesse pour les mortifications, et les plaisirs pour la renonciation complète au monde, aux voluptés de la chair et aux honneurs. Il les oblige à souffrir la mort, et tous les genres de supplices, plutôt que de le renier ; il leur dit : « Quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. » Il leur dit aussi : « Ce que je vous dis dans le secret, publiez-le sur les toits. Ne craignez point ce qui ôte la vie du corps et ne peut pas ôter la vie de l’âme ; mais craignez celui qui peut ôter la vie du corps et celle de l’âme et jeter les deux dans le feu de l’enfer. » Il dit aussi : « Celui qui perd son âme pour moi, la trouvera dans la vie éternelle. » Il dit encore : « Quiconque me suit et ne hait pas son père,