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j’aille leur dire ces paroles, que faudra-t-il leur répondre s’ils me disent : « Tu es un menteur, le Seigneur ne t’a point apparu ? » Le Seigneur dit à Moïse : « Qu’as-tu en ta main ? » Moïse lui répondit : « Une verge. » Le Seigneur dit à Moïse : « Jette-la à terre. » Moïse la jeta, et elle fut changée en un serpent qui effraya Moïse de sorte qu’il s’enfuit. Le Seigneur dit encore à Moïse : « Prends-le par la queue. » Moïse saisit le serpent par la queue et il se transforma de nouveau en verge. Le Seigneur ajouta : « Mets ta main sous le pan de ta manche. » Moïse le fit, et à l’instant sa main fut couverte d’une lèpre d’une blancheur éclatante comme la neige. Le Seigneur lui dit encore : « Remets ta main sous le pan de ta manche. » Moïse la remit et il la retira de nouveau de la même couleur de sa chair. Le Seigneur dit aussi à Moïse : « Si les enfants d’Israël croient au premier miracle, tu auras atteint ton but ; s’ils ne croient pas, ils croiront au second ; et s’ils ne croient même au second, prends de l’eau du Nil et répands-la sur la terre ; elle sera changée en sang, pour leur faire savoir que le Dieu de leurs pères t’a envoyé. » Lors donc que Moïse reçut de Dieu le don des miracles, il accepta avec peine d’aller en Égypte.

Il faut conclure, de ce qui précède, que l’homme raisonnable et attentif ne doit pas accepter la religion de quiconque sans des miracles ; car Moïse savait bien que s’il prétendait être élu de Dieu comme législateur, sans prouver sa mission par les miracles que Dieu seul peut faire en sa faveur, tout homme pourrait le démentir et le mépriser en le chassant ; et s’il était muni du don des miracles, il aurait des armes assez fortes pour convaincre quiconque veut sincèrement son salut et l’amener à embrasser la religion qu’il lui prêche. Ainsi donc l’homme raisonnable ne doit pas accepter une religion non fondée sur des miracles divins qui prouvent que son législateur est de Dieu ; celui qui donc embrasse une religion sans cette condition, néglige l’affaire la plus importante pour laquelle Dieu donna l’intelligence à l’homme et il risque de se perdre en se laissant conduire à sa perte par celui qui veut l’écarter de la voie de vérité qui conduit à la vie bienheureuse après laquelle les esprits aspirent.

Ceux donc qui ont accueilli la religion prêchée par Moïse sont