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WOZZECK

l’eau sombre comme une pierre. Mais la lune me trahit — la lune est sanglante. Tout l’univers veut-il donc divulguer la chose ? — Le couteau — il est trop près du bord, ils le trouveront en se baignant ou en cherchant des coquillages. (Il entre dans l’étang.) Je ne le trouve pas. Mais il faut que je me lave. Je suis ensanglanté. Voici une tache — puis une autre. Malheur ! Malheur ! je me lave avec du sang — l’eau est du sang… du sang… (Il se noie).

(Des gens arrivent).

Premier bourgeois. — Halte !

Second bourgeois. — Entends-tu ? Là !

Premier bourgeois. — Jésus ! c’était un bruit !

Second bourgeois. — C’est l’eau de l’étang. L’eau appelle. Il y a déjà longtemps que personne ne s’est noyé. Viens — ce n’est pas bon à entendre.

Premier bourgeois. — Cela gémit — comme un homme qui mourrait. Jean ! quelqu’un se noie là-dedans !

Second bourgeois. — C’est sinistre ! la lune rouge et le brouillard gris. Entends-tu ? — de nouveau ce gémissement !

Premier bourgeois. — Silence plus grand — maintenant silence complet. Viens ! viens vite. (Ils se hâtent vers la ville).

GRAND MATIN. DEVANT LA PORTE
DE LA MAISON DE MARIE
Des enfants jouent et font du bruit.

Premier enfant. — Tiens, Marguerite ! Marie…

Deuxième enfant. — Quoi donc ?