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œuvres, Georges Buchner est inscrit, ainsi que nous nous exprimions alors, « parmi ce chœur funèbre de jeunes esprits sur le front desquels se sont soudainement fanés, au moment où ils avaient commencé à s’épanouir, les boutons dorés de l’espérance ». Seulement, Jacques Richard n’était encore qu’un lycéen impétueux ayant fait preuve de talent et dont une pièce vengeresse, écrite en une heure d’indignation, a suffi pour protéger le nom contre l’oubli, tandis que Buchner, qui a vécu trois ans plus que lui, — à la fois si peu et tant à cet âge ! — a creusé en politique et en littérature, dans le champ de l’action comme dans celui de la pensée, un sillon absolument neuf et génial. Hélas ! pourquoi faut-il que l’aveugle destin s’empresse d’écraser ainsi la tête des jeunes aigles, alors qu’il laisse tant d’ineptes oisons s’ébattre lourdement, pleins d’aise, heureux et triomphants, dans le marais banal de la sottise !


Auguste DIETRICH.