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la psychologie de la race allemande

En Allemagne, l’ivresse, comme toutes les autres manifestations de la vie sociale, est organisée et réglementée.

Elle s’impose l’obligation de gestes et de paroles conventionnels. En un mot, elle est rituélique.

Le rite naît du besoin de reproduire le même acte avec le même cérémonial, dans les mêmes circonstances. Il est en quelque sorte la consécration traditionnelle d’une habitude sociale. À ce sujet, il semblerait que tous les Allemands, dans leurs actes les plus élémentaires, s’inspirent de la parole mise par Renan dans la bouche d’un des personnages du Prêtre de Némi :

L’ordre du monde dépend de l’ordre des rites qu’on observe.


Fig. 17. — Défilé des corporations d’étudiants allemands.

Les lois régissant les corporations d’étudiants, qu’il s’agisse des Verein ou des Burschenschaften, sont extrêmement sévères.

Certains exigent la chasteté et l’indifférence totale à l’égard du sexe féminin ; d’autres interdisent les jeux de hasard, mais aucun ne prohibe les beuveries.

L’incorporation s’effectue avec des rites consacrés et revêt une allure de solennité quelque peu pédantesque. Le candidat qui doit être de race allemande, s’engage par serment à se vouer au culte et à la grandeur de la patrie. Après il reçoit le baptême de la bière.

Les nouveaux admis, les Fuchse (les renards), doivent aux anciens, les Burschen, les marques de la plus servile obéissance. Dans les réunions, à la Gulle, dont la signification exacte est flaque d’eau fangeuse, ils sont tenus de boire de la bière autant qu’il plaira au præses de leur en faire avaler.

À la Gulle, chaque corporation a sa table. Aucune relation n’existe entre elles, malgré leur voisinage. Mais quand chacun a avalé une quinzaine de litres de bière, un besoin d’effusion les porte à oublier la couleur de leurs casquettes.