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Cette débauche de scatomanie vient corroborer une accusation dont les voyageurs allemands avaient, depuis quelques années, été fréquemment l’objet. On leur reprochait dans les hôtels de la Riviera et des stations thermales, dans les sanatoria, dans les maisons de santé, de faire servir les serviettes de toilette à des usages profanes, opposés à ceux auxquels elles étaient destinées. Les blanchisseurs ne cessaient d’en témoigner la plus vive contrariété.

Les Anglais, en gens avisés et renseignés s’abstenaient systématiquement de descendre dans les hôtels fréquentés par les Allemands. Il leur répugnait de se débarbouiller avec des serviettes qu’ils supposaient avoir été mises en contact avec « d’autres visages ». L’exemple prudent des Anglais devra toujours être imité dans l’avenir. De même que l’on avertit les passants de surveiller leurs poches par les indications : « Prenez garde aux pick-pockets ! » le mot d’ordre des clients des hôtels cosmopolites doit être désormais : « Défiez-vous des serviettes utilisées par les allemands ».

Une constatation qui n’est pas moins susceptible de provoquer l’étonnement c’est que la scatomanie des allemands ne subit aucune retenue du fait qu’elle pourrait incommoder leurs propres compatriotes.

Ainsi dans un chef-lieu de canton de l’Aisne, un colonel allemand se trouva logé chez le notaire :

En prenant possession de la chambre occupée, la veille encore, par un de ses collègues de même grade, il constate des reliquats orduriers et ne peut faire autrement que s’écrier : « Das Schwein ! » Cela ne l’empêche pas de s’installer, et, le lendemain, après son départ, on constate qu’il a encore aggravé la situation.

Le passage des troupes se continuant, la même scène se reproduit à plusieurs reprises et la chambre du colonel, malgré tous les efforts pour la nettoyer, ressemble de plus en plus à une latrine.

Dans un château des environs de Montmirail, dont je connais personnellement les propriétaires, les officiers se livrèrent à une orgie accompagnée des manifestations de la scatologie la plus répugnante.

Ayant été refoulés, on trouva toutes les pièces qu’ils avaient occupées remplies de leurs ordures. La vaisselle demeurée sur la table de la salle à manger en était surabondamment garnie. Le lendemain, par une contre-attaque, ils reprennent