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M.  ÉDOUARD SCHURÉ

juriste[1]. Que son aïeul maternel ait été doyen de la Faculté de droit, que son père ait exercé la médecine avec autorité, cela ne paraît pas avoir eu grande influence sur la formation intellectuelle de l’écrivain. Mais l’Alsace, son fleuve, ses cités impériales, ses forêts, laissèrent dans le cerveau de l’enfant et du jeune homme des empreintes ineffaçables.

Schuré doit à la terre natale, mi-germanique, mi-française, non seulement les originaux paysages dont il a peuplé l’Ange et la Sphinge, mais encore l’amour des légendes, des chants populaires, des songeries lyriques et spéculatives. Le Rhin, les Vosges, la Forêt-Noire ont été les premiers initiateurs, sauvages et nobles, de sa sensibilité. Et si sa pensée, plus naturellement que celle de Renan et de Taine, marque le confluent du génie allemand et du génie latin, n’est-ce pas à son sang alsacien, à son adolescence alsacienne qu’Édouard Schuré le doit ?

De bonnes études au Gymnase et à l’École de Droit de Strasbourg, de longs séjours d’adolescence aux Universités allemandes de Bonn, de Berlin, de Munich (1863-1866), fortifièrent chez Édouard Schuré les premières tendances de sa personnalité. À Strasbourg, M.  Guillaume Léser, professeur au gymnase protestant, esprit distingué et cœur d’élite, l’initia à l’histoire et à la littérature française. Son professeur de littérature allemande, Albert Grün, lui révéla l’histoire du Chant populaire. À Bonn, patrie de Beethoven,

  1. M.  Hugues Imbert a donné, dans la seconde série de ses belles Études d’Artistes, une remarquable biographie de M.  Édouard Schuré.