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LE PREMIER LIVRE DES SONETZ


Mais, quand je vois que toute vostre force
Encontre moy se roydit et s’efforce,
Pour empescher la miene de glisser

Au lieu secret où ma joye demeure,
Je vous hay bien, ô belle main, à l'heure,
Et contraint suis à vous me courroucer.



Laurans, je sens mon cerveau fantastique
Apesanti de pensers et d’ennuyz ;
Je vy tout triste et les jours et les nuictz,
Par ne sçay quelle humeur mélancolique.

De mille esbas j’essaie la pratique.
Pour ces chagrins dont assomé je suis
Chasser au loing ; mais, helas ! je ne puis,
Tant cette humeur ferme m’estraint et pique.

Or, toy qui sçais tout ce que Gallien
Et Hyppocras sçeurent onq’, le moien
Enseigne-moy, par ta science belle,

Avecq’ lequel pourray me décharger,
Me délivrer, me guarir et purger
De ce fardeau qui me rompt la cervelle.