Messieurs,
I
A la fin du XVIIIe siècle et aux premiers jours du XIXe siècle, à l’époque où la science économique naissante s’unissait à la philosophie pour bouleverser le vieux monde et reconquérir à l’humanité ses droits, lorsque Malthus jeta dans son Essai sur le principe de la population ses fameuses propositions, il y eut, dans tous les pays d’Europe un profond émoi : contrairement à toutes les aspirations généreuses de l’époque, l’humanité était-elle fatalement vouée à la misère par cela seul qu’elle grandissait en nombre, par cela seul que, suivant la loi naturelle, elle procréait des enfants ?
Jusqu’à ce jour, philosophes et hommes d’Etat acceptaient sans discuter cet aphorisme : « Là où est la population, là est la force » ; et voilà que tout à coup, en cette époque cependant où tant d’idées nouvelles révolutionnaient l’esprit, un économiste, renversant d’un seul trait de