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Son but n’est pas d’avoir une multitude considérable d’êtres malheureux et souffreteux ; son but c’est de n’avoir que des enfants sains, vigoureux, intelligents, jouissant ici-bas de la plus grande somme de bonheur possible.

C’est là la vraie loi humaine : qualité avant quantité.

Et, jusqu’à ce jour, à de rares exceptions, tous ceux qui ont poussé à la reproduction n’ont nullement songé au bonheur de l’humanité, ils n’ont tous songé qu’à leur bonheur à eux, à leur bonheur gagné au prix de nombreux esclaves, au prix de nombreux soldats mourant pour leur gloire. Ce fut la pensée de Louis XIV, ce fut celle de Napoléon : humanum paucis vivit genus, le genre humain vit pour quelques-uns.

Non, l’humanité n’est point faite pour la guerre et pour enfanter des soldats qui iront mourir pour la vaine gloire de quelques despostes ; non, contrairement à ce qu’a osé dire, il y a trois ans, le sanglant vainqueur de Sadowa et de Sedan, le comte de Moltke, la guerre n’est pas sainte, la guerre n’est pas d’institution divine, la guerre n’est pas une des lois sacrées du monde.

L’humanité est faite pour la paix et pour le travail, pour se développer sans cesse, pour grandir tout à la fois dans son intelligence et dans son bien-être, pour se rapprocher sans cesse davantage de la Perfection, de l’Infini, c’est-à-dire de la Divinité.