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dans les pays circonvoisins, mais cette limitation est conforme aux lois providentielles qui veulent que, précisément pour éviter ces fléaux, la guerre, la famine, la misère, l’équilibre soit rétabli entre le nombre des individus et la quantité des subsistances par le seul développement de la civilisation : les lois providentielles, elles veulent que, à la table de l’humanité, les mets soient toujours assez copieux pour le nombre des convives et que même ces convives aient des repas de plus en plus abondants[1].

Oui, que la population soit nombreuse, mais à la condition que cette population puisse vivre et être heureuse, qu’elle puisse progresser sans cesse à l’abri de la misère et de la souffrance, qu’elle puisse sans cesse accroître son bien-être et étendre le domaine de son intelligence ! Que le nombre ne nuise pas aux individus !

La force de reproduction, dans l’immense échelle des êtres animés, diminue en raison directe de l’élévation de l’individu.

Vous connaissez tous ces exemples classiques qui traînent dans les manuels et les dictionnaires d’Economie politique : « Un seul pied de maïs fournit 2,000 graines, un soleil 4,000, un pavot 32,000, un orme 100,000. Une carpe pond 340,000 œufs. On a calculé qu’une jusquiame peuplerait de plantes le globe en quatre ans, et que deux harengs rempliraient la mer en dix ans, l’Océan couvrît-il la terre[2]. »

  1. En ce qui concerne en particulier la France, il est certain que les départements, dans lesquels les familles ont le plus grand nombre d’enfants, sont précisément ceux qui comptent le plus d’ignorants et le plus d’illettrés, les départements de la Bretagne ou du Poitou. Au contraire, les départements les moins féconds, sont ceux qui sont les premiers par l’instruction, la Seine, le Rhône, la Gironde, presque tous nos départements de l’Est.
  2. Dictionnaire d’Economie politique, t. II, p. 385, vo Population — Baudrillart, Manuel d’Economie politique, p. 326.