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Les raisons, qui expliquent ce fait, sont multiples et souvent d’un ordre trop délicat pour être développées même dans une société d’économie politique ; mais parmi elles, au premier rang, figurent l’incurie des pauvres et l’oisiveté des riches. Dans ces deux classes extrêmes de la société, les mariages se contractent à un âge plus jeune que dans l’immense classe moyenne, ouvriers, petits patrons, patrons, ayant besoin de travailler pour vivre, classe qui constitue la force et la vie de la démocratie française ; très pauvres et très riches se marient très jeunes, les uns vivant au jour le jour, sans se préoccuper du lendemain, les autres n’ayant pas de soucis du lendemain par cela même qu’ils ont trouvé des millions dans les layettes de leurs berceaux. Le reste de l’humanité ne songe à se marier que lorsqu’il a une position et ne songe à procréer une famille que lorsqu’il a les moyens de l’élever et de la nourrir.

Or, les très pauvres, les indigents ne payant déjà pas d’impôt, la loi Javal, devait d’abord profiter à la classe la plus riche de notre société, c’est-à-dire à celle qui en a le moins besoin, à celle qui est la moins digne d’intérêt puisqu’elle a déjà reçu les bienfaits de la fortune.

« Dieu bénit les nombreuses familles, » répète-t-on dans un certain monde ; non, c’est une erreur, il faut retourner la proposition, ceux-là ont de nombreuses familles qui ont déjà reçu de Dieu fortune et richesses.


IV


Nous l’avons dit, dès qu’on a essayé d’appliquer la loi Javal, la loi votée le 17 juillet 1889, on s’est aperçu de la faute monumentale qui avait été commise.

Le budget de 1890 était à peine en exercice, que, le 25 janvier de cette année, un député, M. Clech, interpellait M. Rouvier, ministre des Finances, sur l’application de la loi nouvelle.