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De 1750 à 1790, il y avait en France par an une naissance pour 27 habitants ; de 1819 à 1831 une pour 31 ; de 1839 à 1843 une pour 35 ; de 1861 à 1864 une pour 37.

Et alors de chercher les moyens de remédier au mal ou au prétendu mal et, comme toujours en pareil cas, de se tourner vers l’Etat qui n’a que faire en telle matière ; et comme par une loi fatale, à travers tous les âges et à travers tous les pays, les mêmes erreurs économiques entraînent les mêmes fautes, de même que, à Rome, la loi Papia Poppaea exemptait de tout impôt les citoyens romains ayant trois enfants, nous avons en France, en 1890, la loi Javal dispensant les citoyens français ayant sept enfants de payer une partie de leurs impôts.


II


Dans la séance du 4 juillet 1889, M. Javal, député de l’Yonne, déposait sur le bureau de la Chambre des Députés, à l’occasion de la discussion du budget de 1890 (paragraphe 2 de l’article 3 de la loi de finances), un amendement ainsi conçu : « Les pères ou mères de 7 enfants seront exempts du payement des contributions personnelle et mobilière. »

Et l’honorable représentant déclarait, pour soutenir son projet, qu’il intéressait 150,000 familles, qu’il ne grèverait en rien le budget puisque l’impôt serait payé par les autres citoyens, que, enfin la Chambre pour se conformer aux manifestations de l’opinion publique, « devait se souvenir qu’elle avait contracté une sorte de dette envers les familles nombreuses. »

M. le Directeur général des Contributions directes, qui, auprès de la Chambre, remplissait les fonctions de commissaire du Gouvernement, combattait le projet, mais il le combattait si mollement que l’on pouvait bien dire que c’était uniquement pour la forme.