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fienne, nous verrons au bout du compte que la première est de renoncer à l’espoir d’une chronologie certaine dans l’histoire des projets de Wolf. Évitons les calculs trop précis et retenons seulement que si Wolf a pu connaître en 1785 les « inepties » françaises, il aurait eu neuf ou dix années pour lire et relire d’Aubignac. Mais peut-être ne s’est-il pas donné la peine dès 1785, quand il copiait l’Historia critica, de rechercher Perrault derrière Küster ni, surtout, d’Aubignac derrière Perrault...

Par contre, il est certain qu’en 1790-91, au plus tard, Wolf était au courant des idées de l’abbé. En cette année 1790, G.-C. Harles publiait le premier volume de la Bibliotheca graeca de J.-H. Fabricius qu’il avait refondue et complétée. Depuis quatre-vingts ans, cette Bibliotheca était pour les érudits d’Allemagne le « trésor des antiquités », le « musée », la source un peu trouble, mais inépuisable de toute philologie hellénique. G.-C. Harles, qui en donnait en 1790 une quatrième édition, avait voulu mettre l’ouvrage en meilleur ordre et à jour, pour en faire le plus complet instrument de science et de bibliographie ; il s’était donc adressé aux spécialistes en chaque matière. Pour Homère, nous dit-il en note, à la page 317-318 du premier volume, c’est à Wolf qu’il avait pensé, « à ce professeur de Halle, depuis si longtemps occupé à illustrer et expliquer le poète » et dont on louait grandement l’édition scolaire de 1784-1785. Wolf avait répondu qu’il n’avait rien de prêt pour le moment ; mais il avait promis, à sa mode ordinaire, « qu’il rédigerait quelque jour et publierait en un volume tout ce qu’il avait déjà pu lire et noter et tout ce qu’il découvrirait encore touchant Homère, ses écrits, sa destinée et, en général, toute son histoire », — puisse ce volume bientôt paraître ! ajoutait G.-C. Harles.

D’avance on pourrait affirmer que Wolf, comme tous