ou, pour mieux dire, considérons qu’elle n’en a point. Car le bon roi Priam, ayant racheté le corps de son fils, obtient une suspension d’armes durant l’espace d’onze jours, pendant lesquels les Troyens ont la liberté de faire les funérailles d’Hector, et les deux parties, de se disposer à faire la guerre aussitôt que la cérémonie en sera faite. Ainsi chacun voit qu’il n’y a point de fin, qu’il reste encore beaucoup à faire... L’esprit demeure dans l’incertitude et la curiosité et rien ne satisfait son attente ».
Mais peut-on retrouver dans l’Iliade actuelle les différents « cantiques » primitifs, dont elle a été faite ? Grande question que Wolf a laissée pour d’autres, dit-il. Les « wolfiens » l’ont débattue depuis un siècle ; après cent ans de critique, d’hypercritique et de métacritique, elle n’est pas encore résolue. D’Aubignac l’a posée, du moins, avec sa netteté coutumière, et même il a donné une réponse, mieux que personne ne l’a fait encore, même parmi nos contemporains. Pour décomposer l’Iliade en ses «cantiques » primitifs, il faut commencer, dit-il, par supprimer la division récente en livres ou chants. Ce sont en effet les grammairiens récents, qui ont divisé l’Iliade et l’Odyssée en vingt-quatre livres chacune, parce qu’il y avait vingt-quatre lettres dans leur alphabet, et ce sont eux qui ont donné à ces livres le nom tout à fait impropre de Rhapsodies : « Les savans demeurent d’accord que les Anciens ne distinguoient jamais leurs écrits par livre, par chapitre ni par aucune section. L’Iliade fut longtemps comme une seule pièce de poésie sans aucune distinction de livres, et les caractères de l’alphabet grec qui les marquent sont de quelque moderne qui les a mis à sa fantaisie... C’étoit donc une liaison continue de plusieurs poèmes tragiques, c’est à dire héroïques, comme nous l’avons expliqué... » (p. 150).
D’autres critiques d’Homère ont fondé leurs études