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Richard Simon, et son Histoire critique du vieux Testament (1678) fondaient la critique des textes sacrés.

Au temps de Louis XIV, d’autres habitudes et d’autres modes prévalurent : l’exemple ou l’influence des Jésuites eurent des conséquences profondes sur notre éducation nationale et de lointaines répercussions sur notre production intellectuelle. Les Jésuites se souciaient avant tout de belles lettres, de beaux discours, de jolis vers ; ils ne voyaient guère dans l’antiquité que la plus commode des matières à mettre soit en vers latins soit en « oraisons » et tragédies françaises.

De Louis XIV à Napoléon III, de la Révocation à la guerre de 1870, la France laissa à quelques « bénédictins », à des « spécialistes », à des « rats de bibliothèque », dont elle se moquait volontiers, le service de l’érudition. Pour être considéré en son propre pays et trouver les moyens d’y vivre, un Villoison devait être homme de salons et de cour autant et plus qu’homme de grec. Aussi la France imagina, créa, inventa ; en science, comme en politique, elle fit la plupart des grandes révolutions de la pensée ; mais elle travailla pour tout le monde et, d’abord, pour le roi de Prusse ; car, sur chaque Villoison qu’elle produisait, l’Allemagne détachait aussitôt quelque Wolf, qui, muni de tous les secours d’une science organisée, fabriquait le produit « marchand », et le monde ne connaissait plus que cette copie ou cette contrefaçon germaniques.

La guerre de 1870 nous fit mesurer la puissance et l’utilité de la science d’outre-Rhin ; mais elle ne suffit pas encore à changer le cours de nos habitudes. Il a fallu la guerre de 1914 pour nous convaincre que l’improvisation est une dangereuse règle de vie : dans la conduite de toutes les choses humaines, la minutieuse organisation, la prévision systématique, la rigide tenue des comptes, des fiches et des catalogues nous appa-