ver, comme d’Aubignac, « les orages de la cour et les foudres du Vatican ». Il avait une révérencieuse terreur de l’autorité administrative et du Cammergericht : la discipline — tranchons le mot : la servilité, — intellectuelle, morale, politique et sociale reste toujours l’un des grands ressorts des esprits les plus éclairés et les plus novateurs d’outre-Rhin. En plein xxe siècle, quand un Guillaume II osait exposer ses dogmes sur Babel und Bibel et donner le dernier mot de la vérité officielle sur les lois d’Hammourabi, la parole impériale ne soulevait ni critiques ni sourires : tout bon Allemand s’efforçait désormais de « voiler sa pensée » ou gardait le silence. Les XCIII intellectuels, qui ont approuvé les théories juridiques du Chancelier et sa définition du droit des gens, sont dans la vraie tradition de Fr.-A. Wolf.
Wolf dut une belle part de son succès à l’élégance facile, à la prestesse et à l’abondance rhétoriciennes de son latin. Il en dut une autre à ses relations avec le groupe de Weimar, aux articles et aux réclames de ces « littérateurs » et gens de presse, que cet érudit affectait parfois de mépriser, mais qu’il savait consulter et flatter à l’occasion et dont il suivait, sans le dire, les conseils et les modes. Il était alors de mode parmi les gens de lettres de s’extasier sur les poètes primitifs et de répéter qu’Ossian était grand comme la Bible, beau comme Homère ; habilement, Wolf ne fit que renverser la proposition : dans ses Prolégomènes, Homère devint grand comme Ossian, biblique comme Ossian, beau comme ces poètes primitifs qui n’écrivaient pas, qui ne « composaient » pas, qui n’étaient ni des savants ni des artistes selon les règles, mais qui chantaient, par la voix desquels chantait toute une race et qui étaient sublimes, barbares, « nature »… Un objet made in Germany ne peut être qu’à la mode, à la dernière