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sauf certains développements imprimés en note sur deux colonnes. Aussi ne lit-on guère les Prolégomènes de Villoison. Personne ne les cite jamais... Cette indigeste dissertation mérite au moins d’être consultée et étudiée ; beaucoup de choses dont on fait honneur à Wolf avaient été dites avant lui par Villoison, et même parfaitement dites. Villoison écrit très bien en latin. Ce n’est pas le style qui manque aux Prolégomènes : c’est l’ordre et la proportion[1]. »

Si Villoison eût mis à ses Prolégomènes les mêmes soins qu’il prodiguait à ses dédicaces au roi de Suède, au duc de Weimar et aux autres grands de la terre, s’il eût consacré à l’exposition de ses découvertes et de sa doctrine la moitié des heures qu’il gaspillait à la recherche des honneurs ou des félicitations académiques, il est probable que la gloire de Wolf n’eût jamais existé. Mais, de ce chaos d’érudition que l’inventeur français intitula Prolégomènes, l’imitateur allemand eut beau jeu de tirer les matériaux de sa propre construction, en prenant ou en ne prenant même pas la peine de les retailler. A. Pierron[2] signalait déjà deux de ces emprunts wolfiens : l’argument du Coran et la discussion sur le texte de Josèphe.

« Les poèmes homériques, disait Wolf, se sont longtemps conservés sans l’aide de l’écriture, dans la seule mémoire des rhapsodes ; c’est Pisistrate qui, le premier, les recueillit et les fit consigner par écrit ; nous voyons tout pareillement que les vieux chants des Germains ne furent écrits qu’au temps de Charlemagne, que les Arabes ne composèrent qu’au viie siècle leurs divans de poésies anté-islamiques et que le Coran de Mahomet n’eut pas un autre sort que les poèmes d’Homère ; tout

  1. A. Pierron, Iliade, I, p. lxvii et II, p. 499-500.
  2. Iliade, I, p. xc, note i.