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une troisième, puis une quatrième fois. Il relut les scholiastes et les autres auteurs. Il relut les textes imprimés, depuis Estienne jusqu’à Ernesti : grand travail pour peu de fruits ! Car, au bout du compte, le résultat de cet effort herculéen fut... que le texte établi par Wolf était ordinairement le même que le texte retrouvé par Villoison dans le manuscrit de Venise. Voyez la rencontre du hasard : la volonté de Wolf n’y a été pour rien ; mais, par un admirable coup du sort, le simple lecteur qu’était Villoison et le génial recenseur qu’était Wolf sont arrivés, chacun de son côté, aux mêmes corrections de la Vulgate ; quinze ans de travail qu’un seul regard sur le manuscrit de Venise aurait pu épargner à Wolf, qua in re saepe mihi usu venit ut longo circuitu pervenirem ad eas correctiones quas eximii libri primus adspectus frustra obtulerat ; nam quae magna est hujus mei ac Veneti textus convenientia, eam sponte natam habui, non quaesivi.

En cette histoire, comment ne pas aussitôt reconnaître certains procédés de Wolf dont nous ne pouvons plus être dupes ? Nous saluons d’abord les « deux amis » dont Wolf, ici comme ailleurs, invoque l’intervention sans les nommer. Nous retrouvons ensuite le même hasard bienheureux qui ne fournit à Wolf les travaux de ses devanciers qu’à l’heure dernière où son œuvre est entièrement ou aux trois quarts terminée : ici, son texte d’Homère était établi par dix, douze, quinze ans de préparatifs soigneux, quand la découverte de Villoison vint donner le jour à un texte tout justement pareil ; plus haut, la feuille sur l’histoire de l’écriture était rédigée, elle allait partir à la composition quand un ami inconnu fournit à Wolf cette dissertation de Merian où la même histoire était longuement traitée dans les mêmes termes, avec les mêmes arguments, avec les mêmes citations d’auteurs anciens et modernes ; et,