prodigieusement riche de scholies ; mais il passait sous silence ces Prolégomènes, où il allait puiser à pleines mains. Il espérait, disait-il, qu’on lui pardonnerait cet éloge d’un livre qu’une longue fréquentation lui avait fait aimer. Si quelques-uns n’en avaient pas reconnu tout le mérite, c’est peut-être qu’ils avaient encore l’esprit tout farci des autres scholiastes et c’est peut-être aussi que « les premières promesses de l’éditeur les avaient soulevés vers de trop hauts espoirs ». La publication n’avait pas donné tout ce que promettaient les annonces. Car, entendant invoquer à maintes reprises les noms de Zénodote, d’Aristarque, de Cratès, d’Alexion et de tant d’autres Alexandrins, et vanter les variantes de tant d’éditions, dont nous n’avions jusque-là qu’un faible souvenir, et les écrits singuliers de tant de critiques homériques, certaines gens avaient espéré trouver tous ces renseignements réunis en un corps de doctrine... Or, quand parut enfin cet ouvrage, rendu célèbre par la longue attente des érudits, il ne donnait, de tous ces critiques et interprètes, que des extraits sans ordre, sans indications de sources, sans exposé de motifs, sans explications esthétiques, sans grands renseignements historiques touchant l’âge d’Homère, mais avec un étalage de balivernes, qui sentent l’époque de ces scholies, bref un ensemble illisible, comme on dit aujourd’hui, neque id, ut hodie loqui solent, legi potest ; il en fallait comparer les données avec tous les écrits qui ont échappé au naufrage de la science antique. Wolf concluait : « Tel quel, c’est encore un trésor inestimable, et les maîtres des études orientales n’ont plus à se targuer de leur fameuse Masore ; nous avons désormais notre Masore homérique, de tous points égale et même supérieure à celle des Juifs. »
Avec ces réticences et ces demi-perfidies, l’éloge pourrait encore sembler équitable s’il avait paru en tête des