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que le texte du manuscrit 454 (p. 1-120) et les scholies dudit manuscrit (p. 1-532), Villoison n’avait ajouté de son cru, sous le titre de Prolégomènes, que lix pages, où il était question de Villoison presque autant que d’Homère.

Prolégomènes, Texte et Scholies : telle quelle, cette Iliade de Venise apportait aux hellénisants une connaissance toute nouvelle du poème. Ils pouvaient désormais avoir une idée du rôle tenu par ces grammairiens alexandrins dont on proclamait déjà l’influence souveraine dans la constitution du texte homérique.

Villoison rappelait en ses Prolégomènes (p. lvi) ce que le très illustre et doctissime Fr.-Aug. Wolf avait dit à ce sujet dans sa Préface à la Théogonie d’Hésiode et ce que l’illustre Heyne avait redit en son Épître à Wolf, ajoutée à cette Théogonie de 1783 : l’un et l’autre attribuaient aux Alexandrins une activité presque aussi libre que celle des anciens rhapsodes, pour l’altération du texte en son orthographe, ses formes, ses mots, ses vers et même en des passages entiers.

Aujourd’hui, après un siècle de critique sur le Venetus de Villoison et sur les autres Scholies d’Homère, surtout après la récente découverte des papyrus homériques, dont quelques-uns sont antérieurs à la correction alexandrine, une opinion toute contraire semble décidément prévaloir : les études de Lehrs[1], vérifiées par les travaux de Duentzer, de La Roche, de Ludwich et de Roemer, etc., semblent avoir prouvé de façon évidente que les Alexandrins ne travaillaient pas

  1. C. Lehrs, de Aristarchi Studiis, 1833, 3e édition, 1882 ; H. Duentzer, de Zenodoti Studiis, 1848 ; J. La Roche, die homerische Textkritik im Alterthum, 1866, etc. ; A. Ludwich, Aristarchs homerische Kritik, 1884 ; die Homervulgata als voralexandrinisch erwiesen, 1893 ; A. Römer, die Werke des Aristarches, 1875. Homerrezension des Zenodot, 1886, Aristarchea (dans Homerische Probleme de Boelzner), 1911, etc., etc.