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[en outre] une foule innombrable de variantes..., tirées des anciennes éditions d’Homère qu’avaient données les villes et états de Marseille, de Chio, de Sinope, Argos, Chypre, Crète, des deux éditions d’Aristarque, de celles de Zénodote, d’Aristophane de Byzance, d’Antimaque, de Callistrate, etc... Cet Homère est proprement l’Homerus Variorum de toute l’antiquité et, surtout, de la fameuse école d’Alexandrie[1]. »

Villoison n’exagérait pas l’importance de sa découverte : les études homériques en ont été renouvelées de fond en comble, et Villoison serait l’un des grands noms de la science universelle si, à la chance de la trouvaille, il eût ajouté le soin de la publication et la mise en valeur de ce rare trésor. Mais, à la mode de nombreux savants français, il songeait à ses belles relations et à ses succès personnels auprès des grands du jour, autant et plus, parfois, qu’à son travail scientifique et à la perfection de son livre ; il avait aussi l’ambition à la française de faire si grand, si beau que, cent besognes accessoires ou nouvelles lui apparaissant comme primordiales, il remettait sans cesse le principal au lendemain. De novembre 1778 à avril 1782, il demeura à Venise. Il acheva les recherches qui l’y avaient amené. Il en publia les premiers résultats en ses deux volumes d’Anecdota graeca (1781). Puis il prit à déchiffrer et à copier le précieux manuscrit de l’Iliade une peine que peut mesurer le lecteur d’aujourd’hui, en jetant les yeux sur la reproduction phototypique de ce texte encadré, encombré, surchargé de notes frontales et marginales[2].

  1. Lettre du 21 juillet 1779, citée par Ch. Joret, op. laud., p. 184. Dès le mois de janvier 1779, Villoison écrivait les mêmes choses à Wieland, qui traduisait la lettre en allemand dans le Teutsche Merkur de mars.
  2. Publication phototypique de Dom. Comparetti, Homeri Ilias, Codex Venetus A, Leiden, 1901.