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lement traiter le maître en corrections homériques, Heyne ; puissent ses mains nous donner enfin cet Homère mieux muni[1] ! »

Dès son « adolescence », Wolf connaissait donc les projets de Heyne, qui d’ailleurs étaient de notoriété publique et qui remontaient aux années antérieures à celles même où Wolf étudiait à Goettingue : dès 1766, Heyne avait traité d’Homère dans ses cours et il n’avait jamais cessé d’en traiter depuis. Il semble qu’il avait eu la première idée de son édition vers 1780, sur les instances de son ami Reich, le libraire de l’édition Clarke-Ernesti, et sur les conseils d’Ernesti lui-même[2] ; mais il ne voulut rien entreprendre avant que Villoison eût donné cette Iliade de Venise (1788), qu’il promettait depuis 1779. Pratiquement, Heyne ne se mit à l’ouvrage qu’en 1787 ; mais dès lors, il consacra régulièrement, chaque jour, deux heures pour le moins, à son texte d’Homère ; personne dans l’Allemagne érudite de 1794 n’ignorait ce travail.

On savait même sur quel point tout spécial portaient les principales recherches de Heyne : afin de rendre au texte homérique sa forme primitive, comme disait Wolf lui-même dès 1785 (lequel donnait, comme par avance, le titre dont Heyne allait se servir pour sa communication d’août 1795 à la Société Royale : Homeri rectius legendi praestantissimus auctor Heyne, disait Wolf ; de antiqua Lectione Homeri dijudicanda et restituenda

  1. Kleine Schriften, I, 178 : Homerus is auctor est, in cujus contextu multis adhuc modis a genuina formula nos abesse constat et in quo ad majorem integritatem ut perveniri possit, varia restant magno doctrinae apparatu movenda ; egregie nuper in summa brevitate hoc argumentum tractavit is, cujus manibus utinam tandem poeta ornatior prodeat, Homeri rectius legendi praestantissimus auctor, Heynius, in Epistola ad Tychsenium v. e..
  2. Cf. là-dessus R. Volkmann, Geschichte und Kritik, p. 43 et suivantes.