Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seur Wolf lui-même, disait Heyne, savait que l’auteur de ce compte-rendu [, lui-même, Heyne,] s’occupait d’Homère depuis plus de vingt ans et que, surtout, depuis la publication de l’Homère de Villoison, il avait [, lui, Heyne,] sur le chantier une recension de l’Iliade, à laquelle il ne cessait de travailler : il est donc en état de bien juger l’œuvre accomplie[1]. »

« Depuis plus de vingt ans », disait Heyne en ce compte rendu ; il dira dans l’analyse de sa lecture « depuis trente ans ». Il était rigoureusement exact, — ses diverses publications en faisaient foi, — que, depuis vingt-cinq ou trente ans, Heyne s’occupait d’Homère et préparait une recension de l’Iliade qui ne devait paraître qu’en 1802 ; depuis vingt-cinq ans, Heyne avait, dans les Göttingische Anzeigen[2], donné les plus grandes louanges au livre de Wood, Essay on the original Genius of Homer, dont nous avons vu plus haut tant de pages empruntées par Wolf ; depuis quatre ans, Heyne, dans ces mêmes Göttingische Anzeigen[3], avait donné son adhésion aux idées sur le digamma exposées par R. Payne-Knight en son Essay on the greek Alphabet ; antérieurement déjà, Heyne avait connu les idées de R. Bentley à ce sujet, par les œuvres de Bentley lui-même et par Clarke ; ayant pu consulter l’exemplaire homérique de Bentley, que l’on conservait à Cambridge, et voir le digamma rétabli dans le texte, de la main de Bentley, il avait pris la même décision pour son édition future.

  1. Göttingische Anzeigen, 1795, II, p. 1858 : Da der Rec., wie Hr. Prof. W. selbst weiss, sich seit mehrern zwanzig Jahren, freylich sehr unterbrochen und nur erst seit der Erscheinung von Villoison’s Homer mit Ernst, mit einer neuen Recension Homers beschäftiget und manche bessere Begriffe von Homer erst in Umlauf zu bringen das Seinige beygetragen hat : so ist er im Stande das was geleistet ist zu schätzen.
  2. 1770, p. 32. Cf. là-dessus R. Volkmann, Geschichte und Kritik. p. 24.
  3. 1792, p. 1962.