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de Rousseau ? Avec les quatre lignes citées par Merian, Wolf a copié les douze lignes de Rousseau qui les précédent et les douze qui les suivent « dans l’édition posthume de Genève de 1782, tome XVI, p. 240 » ; car il tient à faire montre de cette connaissance précise, « sans laquelle on obtient la persuasion, mais non la preuve, en histoire, subtilitas sine qua historica disputatio persuadet, non fidem facit ».

Au milieu de cette page de français, Wolf intercale une parenthèse de son latin. Rousseau disait que, dans le reste de l’Iliade, on ne voyait que peu de traces de l’écriture : « Peu de traces ! reprend Wolf ; c’est aucunes qu’il fallait dire, ne mireris quod pauca vestigia dicit esse, quae nulla sunt »... Merian avait dit à la page 519 : « Dans Homère, la pratique de l’écriture ne paraît pas, à la vérité, nouvelle, mais nulle. » ... Wolf ajoute en son latin, à l’adresse de Rousseau l’ignorant : « C’est ainsi que l’on parle, quand on n’est pas bien sûr de ce que l’on avance, ita loquuntur qui non certi sunt sententiae suae ». Mais pourquoi, dans une dissertation savante, alléguer des autorités aussi peu sûres ? et pourquoi en transcrire ici une page entière ? et pourquoi la faire précéder des superlatifs les plus élogieux, dignissima, acutissimi ?... Je ne puis croire que, sans Merian, Wolf eût commis de pareils manquements à la saine critique... Et voyez les « tablettes » de Bellérophon et leurs « signes » funestes, ou les « sorts » tirés du casque des guerriers : Wolf réunit en sa page 81-82 ce que Merian avait dissocié en ses pages 515 et 523.

Dans sa traduction très libre d’un passage d’Eustathe, Merian avait dit : « Ces sorts ne sont pas des lettres écrites, ce sont des figures ou simplement des traits gravés sur des marques, lesquelles consistaient dans de petits cailloux, de petits morceaux de bois ou dans quelque autre matière de peu de valeur » et Merian