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Donc, Wolf semble admettre que les Grecs d’Homère et le poète n’ont pas eu plus de connaissance de l’écriture que du compas ou de la poudre à canon. Mais, à son ordinaire, il a semé la suite de restrictions, de réticences ou de semi-contradictions, derrière lesquelles il pourrait trouver un abri en cas de retraite ou de danger. À cette même page 44, il se garde, dit-il, de railler ceux qui lisent d’un pareil esprit Homère, Callimaque, Virgile, Nonnus et Milton : le soin de sa tâche actuelle et sa modestie bien connue l’empêchent de les détromper, car il est parmi eux des hellénisants et des latinisants des plus doctes, — nolo irridere eos quos dedocere hoc loco alienum est et parum modestum, nam sunt in iis graece latineque doctissimi (cela, je pense, doit être pour Ruhnken ou Heyne) ; — il espère qu’ils lui en voudront un peu moins de refuser à Homère non pas tant la connaissance que l’usage de l’écriture alphabétique, mihi, spero, minus succensebunt ab Homero non tam cognitionem litterarum quam usum et facultatem abjudicanti.

Il ajoute à la page 58 que, malgré les monuments allégués par les modernes ou cités par les anciens, il reste en sa conviction que rien ne prouve l’usage répandu de l’écriture aux temps anté-homériques, tamen inde nihil constare de vulgato usu artis putem. Et quand à la page 92, après cinquante pages de raisonnements, il est obligé de poser enfin la question aussi nettement que Merian le faisait dès le début, il se garde encore une échappatoire : « J’ai montré, diront quelques-uns, qu’aux temps de la guerre de Troie, l’écriture était ou des plus mal connues ou même entièrement inconnue, mais non pas que, deux siècles après, le poète lui-même était aussi un illettré... Pour épuiser ce fond de l’affaire, il faudrait une longue dissertation »..., et Wolf renvoie ses contradicteurs à l’école d’autres maîtres, en leur demandant seulement l’aveu qu’il en juge lui-même autrement, non