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hanc plagulam ad typographum missuro) et le texte de Merian, une telle ressemblance qu’il avait dû tailler dans le vif : pourquoi répéter aux érudits, lecteurs de Merian, les faits et arguments qu’ils connaissaient déjà par lui ? Donc, Wolf avait concentré toute cette partie des Prolégomènes ; il en avait supprimé plusieurs développements, ea raptim lecta, peropportune me impulit ut rationes meas magis adstringerem et in breve cogerem pluraque penitus delerem quae in eandem sententiam disputaveram.

Bien des détails peuvent paraître surprenants en ce récit : d’abord, la rencontre sur le même sujet et les mêmes idées, du philosophe avec l’hellénisant, de l’homme de lettres à la française avec l’érudit à l’allemande ; puis, l’ignorance où Wolf, fonctionnaire prussien, fut, durant quatre ou cinq ans (1789-1794), des débats et lectures à l’Académie de Berlin ; puis, l’intervention de cet ami inconnu par qui Wolf reçut enfin un exemplaire de l’Examen ; puis, la coïncidence de cette première, de cette rapide lecture avec l’envoi à l’imprimerie de la feuille même où Wolf développait longuement la même théorie... Mais il est en cette histoire merveilleuse une circonstance plus merveilleuse encore : c’est qu’une fois exécutées par Wolf les suppressions et compressions de son texte primitif, il se trouve, je ne dirai pas que le texte actuel des Prolégomènes n’est que du Merian, mais que l’Examen ne semble être que la traduction en français des Prolégomènes.

Et voilà qui confond l’esprit : deux écrivains, aussi différents par l’âge, les occupations, les pensées habituelles et même la langue, sont amenés par des études toutes différentes à se rencontrer, non seulement sur le même problème et la même façon de le traiter et la même réponse à y donner, mais encore sur les mêmes mots et les mêmes ornements de style !... Est-il dans l’histoire