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pour le moment de toute comparaison avec eux, d’autant plus qu’il aurait fallu d’abord renverser les doutes stupides des Anglais ; et ce n’est pas commode. Nous avons ici pour 80 ou 100 thalers de livres anglais sur Ossian et sur les autres Bardes ou Rhapsodes calédoniens ; mais l’on sort plus dérouté de chacun de ces in-quartos[1]. »

Réservant pour son grand ouvrage, qui ne devait jamais paraître, cette comparaison entre Ossian et Homère, Wolf avait tenu à montrer dans le premier volume de ses Prolégomènes (p. 102 et note 74) que les Bardes, Scaldes, Druides et autres « poètes de nature », de même que les Prophètes hébreux, ne lui étaient pas inconnus, et si Wood invoquait les Mexicains, Wolf renvoyait aux Transactions of the American philosophical Society at Philadelphia : « Dans le troisième volume, G. Thornton y parlait de vieillards de sa nation qui avaient en mémoire une telle quantité de vieilles ballades qu’ils pouvaient fatiguer le scribe le plus rapide en les lui dictant durant plusieurs mois ».

Car Wolf se piquait de connaître et de suivre la mode littéraire, bien qu’il prêchât à ses étudiants le culte de la seule érudition et la méfiance de la littérature : « La république des lettres, leur disait-il en mars 1788, semble régie maintenant par les mêmes lois que les corporations d’artisans ; quittant l’apprentissage, il suffit d’être reçu ; peu importe que l’on travaille le plus mal du monde ; on a les mêmes droits que les meilleurs ouvriers. Le nom et les insignes d’homme de lettres se vendent à si vil prix et s’acquièrent si facilement qu’il ne faut pas s’étonner si tel les revendique qui n’a avec les lettres que les rapports de l’esclave lettré de Plaute. C’est pourquoi, mes très chers citoyens, il faut au début de ce

  1. Cf. là-dessus W. Peters, Zur Geschichte, p. 17.