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Mais de 1791 à 1795, les choses avaient un peu changé en France et en Prusse. Nous ne savons pas si la tourmente française de 1793 avait modifié les idées et les désirs de Wolf ; mais la Prusse avait désormais en Frédéric-Guillaume II un roi qui n’entendait plus la vie à la façon du grand Frédéric. Wolf devait pieusement célébrer en décembre 1797 ce monarque « qui méritait l’amour, l’affection, la vénération de tous..., ce roi si doux de caractère, si bienfaisant, si généreux que les surnoms de Benignus et d’Évergète semblaient avoir été préparés pour lui.., ce roi qui, tout en s’occupant des choses militaires, avait donné ses soins aux affaires de l’intérieur, au relèvement de la langue nationale, si négligée récemment encore, surtout dans les cercles de cour, vernaculae linguae, neglectui quondam habitae in circulis praesertim aulicorum..., ce roi de mœurs humaines et faciles, qui, sans avoir horreur des Muses, était surtout soucieux de la très sainte religion et de son culte, nec ab artibus mansuetiorum Musarum abhorrentem, sanctissimae denique religionis cultui deditissimum ».

Par ses Édits sur la Censure et la Religion, — Wolf nous a parlé de sa « crainte des édits », — Frédéric-Guillaume II, « à l’exemple de nos prédécesseurs et particulièrement de feu notre Grand Père », avait entrepris de « réprimer l’incrédulité et la superstition » et de supprimer les abus d’une « liberté effrénée à l’égard des dogmes » ; les « prétendus apôtres des lumières », Aufklärer, étaient avertis ; la censure désormais les tenait sous son œil, « le but de la censure étant, non pas d’empêcher une recherche convenable et décente de la vérité, mais seulement d’arrêter tout ce qui pourrait être dirigé contre les principes de la religion, contre l’État, l’ordre moral et civil, contre l’honneur et la réputation des autres. » La censure des écrits théologiques et phi-