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déric vantaient en lui le poète français ; dans ses Ouvertures universitaires, Wolf citait à ses étudiants les vers de l’ami de Voltaire, sans se croire obligé de les traduire ; il donnait seulement les raisons pour lesquelles, dans son texte latin, la Réputation des Français devenait Bona Fama[1]. En ses Litterarische Analekten (1817-1820), Wolf publiera des Mélanges de Villoison, des Études de Boissonnade, de Coray, de Fortia d’Urban en français. Les notes des Prolégomènes sont pleines de renvois à des ouvrages français.

Le texte de d’Aubignac ne saurait prêter à la moindre méprise : le raisonnement s’étale en neuf pages (54-63) où reviennent les mots de voyelles, de consonnes, de diphtongues, de lettres simples et de lettres doubles. C’est dans les Conjectures, dans les seules Conjectures que Wolf a pu se former une théorie qu’il ne trouvait ni dans Baillet, ni dans Fabricius, ni dans aucun des autres auteurs qui, à ma connaissance[2], ont parlé de d’Aubignac. Wolf a lu et relu, nous dit-il, les Conjectures. Avant de le croire sur parole, nous avons recherché s’il en avait eu vraiment l’occasion et le temps. Rien ne nous permet de mettre en doute sa parole à ce sujet, et même il est dans les Prolégomènes des phrases qui semblent traduites des Conjectures, et ces traductions de Wolf, quand il prend à son compte les opinions de d’Aubignac sans le nommer, sont d’une exactitude parfaite.

  1. Prooemium VI, Kleine Schriften, I, p. 32 : Bonam Famam dicimus Ciceronis exemplo, qui graecum Εὐδοξίαν, quod gallico vocabulo optime respondet, sic latine vertendum putavit.
  2. On lit dans la Bibliotheca graeca d’Harles-Fabricius, I, p. 319, note e, au sujet de d’Aubignac : vide Novam Bibliothecam germanice scriptam. part. 63. p. 477 seqq. Il a paru à Francfort, au début du xviiie siècle, une Neue Bibliothek, dont la collection ne se trouve ni à la Bibliothèque nationale, ni au British Museum, ni dans aucune autre bibliothèque à laquelle j’aie pu avoir accès.