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la vision et peu de réalité dans ces amateurs du grec et qu’ils se font une idole d’une illusion qui leur plaît pour l’avoir acquise avec beaucoup de peine. Pour moi, je n’ai point trouvé dans cette langue ce que j’y cherchois et je ne puis comprendre ce que les autres y ont rencontré... Je ne m’attache point au langage employé dans ces poésies et je me contenterai de chercher ce que l’on doit croire de leur auteur et des qualités de l’ouvrage. »

D’Aubignac entend ne tirer ses arguments que d’un examen littéraire de l’Iliade et de sa « fabrique » ; il écarte du débat toute discussion philologique, comme nous dirions aujourd’hui, et surtout toutes considérations sur les beautés « sensibles » de la langue grecque, sur l’harmonie, la sonorité, le charme musical, etc., que tels et tels de ses contemporains y croyaient pouvoir admirer. Il dit, — et personne ne songera à l’en blâmer, je pense, — que nous ne pouvons rien savoir de l’effet que l’ancien grec produirait sur nos « sens », sur nos oreilles, puisque personne n’est plus là pour nous le faire entendre avec les modulations de sa prosodie et de ses accents, avec les valeurs particulières de ses voyelles, consonnes et diphtongues, de ses lettres... Les voilà ces fameuses « lettres grecques » dont parlait Wolf, et d’Aubignac nous dit, en effet : « Nous ne savons point au vrai comment les Grecs prononçoient leurs lettres... ; pour moi, je n’ai point trouvé dans cette langue ce que j’y cherchois. »

Il n’est aucun autre passage des Conjectures où l’on puisse accoler la citation des Prolégomènes. En faisant un contresens et un solécisme, — car il faudrait traduire ex litteris comme si l’on avait de litteris, — on pourrait tirer du français de d’Aubignac le latin de Wolf : il est bien vrai que d’Aubignac déclare n’avoir rien, absolument rien appris des lettres grecques qui