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donc pas à la légère que, pour nous permettre de juger d’Aubignac, Wolf en faisait les deux citations que G. Finsler déclare n’avoir pas retrouvées dans les Conjectures.

I. — Pour d’Aubignac, dit Wolf, l’Iliade et l’Odyssée ne sont que deux recueils, deux corps de tragédies et de cantiques divers, chants de carrefour, de mendiants et de bateleurs à la manière des chansons du Pont-Neuf, utrumque σωματίον conflatum ex tragoediis et variis canticis de trivio, mendicorum et circulatorum, à la manière des chansons du Pontneuf.

François Hédelin était né en 1604 : il avait débuté dans la première moitié du xviie siècle. Il en avait conservé cette verdeur de langue qui fut le ton de la Fronde, mais non plus celui du Grand Roi[1]. Il ne ménageait les termes ni à l’égard des hommes ni à l’égard des Dieux. Voyant dans l’Iliade « Junon mendier la ceinture de Vénus pour plaire à Jupiter », et Jupiter s’éprendre soudainement « d’un dérèglement indigne de sa qualité », il blâmait fort « l’impatience qui les faisoit conclure sur la terre par une bouteille ». Ailleurs, quand « Junon

  1. L’éditeur de 1715 nous a prévenus : « L’auteur vivoit dans un tems où la langue françoise n’étoit pas encore parvenue à ce haut degré de perfection qu’elle possède à présent ; cependant on peut dire que tout est intelligible dans cet ouvrage et que les idées qu’il expose sont soutenues par des preuves si claires et si fortes qu’il sera difficile de n’en être pas convaincu. » Avis au Lecteur, p. 2-3.