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Or, tandis que chantait le glorieux aède, Ulysse avait saisi son écharpe de pourpre et, de ses mains vaillantes, la tirait sur son front. De cette grande écharpe, il voila ses beaux traits : devant les Phéaciens, il eût rougi des pleurs qui gonflaient ses paupières ; mais, à chaque repos de l’aède divin, il essuyait ses pleurs, rejetait son écharpe et, de sa double coupe, faisait l’offrande aux dieux, puis, à chaque reprise, quand, charmés de ses vers, les chefs des Phéaciens redemandaient l’aède, Ulysse, ramenant l’écharpe, sanglotait...

Le thème de la Querelle ou Dispute semble avoir été l’un des plus familiers aux poètes de l’épos. Querelle de Philoctète et des autres chefs achéens à Ténédos ; dispute d’Ulysse et de Palamède ; querelle d’Achille et de Thersite ; querelle d’Ulysse et d’Ajax pour les armes d’Achille ; querelle d’Ulysse et de Diomède au sujet du Palladion, etc., etc. : c’est une dizaine de ces thèmes que nous connaissons, bien ou mal, soit par les Poésies, soit par le Cycle épique, dont les Anciens nous ont conservé quelques lambeaux.

Au début de l’Iliade, la querelle d’Achille et d’Agamemnon en est l’exemple le plus complet qui nous soit resté. Dans le texte actuel, elle pouvait englober les 437 premiers vers du chant I ; mais les Alexandrins dénonçaient déjà ou expulsaient comme « bâ-