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laissent entre elles, au haut des murs, sous le plafond[1], et par les deux larges portes qui servent d’entrée, en venant de la cour, et de sortie, au fond, vers le reste du manoir, — vers les chambres des maîtres et le quartier des femmes. Il faut ajouter une sorte de poterne-fenêtre, qui s’ouvre à mi-hauteur de la muraille, semble-t-il, à gauche de la porte d’entrée et qui doit servir, surtout, à l’aération de la pièce et au tirage du foyer, quand le grand froid de l’hiver ou quelque furieux coup de vent oblige à tenir toutes les portes closes[2].

Dans ce mégaron « ombreux », dit le Poète, dont les colonnes et le foyer occupent le milieu, il ne reste pour les convives ou l’auditoire que les quatre couloirs entre les colonnes centrales et les murailles. Ces couloirs sont larges de trois mètres environ et longs de huit

  1. C’est par un des ces larmiers que, durant le massacre des prétendants, le traître Mélanthios s’échappe du mégaron, s’en va au trésor et en rapporte des armes pour ses amis. Des deux portes du mégaron, celle qui mène au quartier des femmes a été solidement fermée par la nourrice Euryclée, sur l’ordre d’Ulysse et de Télémaque ; l’autre, celle qui donne sur l’avant-pièce et vers la cour, est ouverte ; mais, debout sur le seuil, Ulysse, Télémaque, le Porcher et le Bouvier l’interdisent à tous les assauts de leurs adversaires, et le Porcher est chargé, en outre, de surveiller la poterne.
  2. La vie des héros achéens, comme celle des premiers navigateurs en tous pays, comportait une saison active et une saison d’hivernage. Jusqu’à la fin de notre xixe siècle, les Grecs ne tenaient la mer que de la Saint Georges à la Saint Dimitri (23 avril-23 septembre). C’est pendant cet hivernage, surtout, que l’aède avait à distraire ses seigneurs et leurs hôtes dans le mégaron ombreux, où dansaient les hautes flammes du foyer. On pourrait faire une comparaison curieuse entre ces séances et celles des chanteurs norvégiens et islandais dans les manoirs nordiques de nos xie et xiie siècles.