fut comme une musique d’entr’acte qui, peu à peu, s’incorpora dans l’épos pour donner enfin la tragédie, avec ses alternances d’épisodes parlés ou dialogués et d’intermèdes musicaux.
Il nous faut assurément lutter en nous-mêmes contre tous les enseignements et tous les préjugés de notre éducation littéraire, si nous voulons rétablir devant nos yeux cette évolution du drame grec. Mais on n’en peut avoir qu’une idée fausse, si l’on ne conçoit pas clairement que, de l’épos homérique à la tragédie athénienne, il y eut continuité de développement et identité de nature : l’épos est une suite théâtrale de dialogues, de monologues et de récitatifs, comportant les mêmes répartitions et alternances de rôles que la tragédie, la comédie ou le drame satyrique ; l’épos est un drame en vers de « six pieds doubles », — hexamètres, disaient les Anciens ; nous disons : vers de douze pieds, — que débitait un seul récitant ; la tragédie est un drame en vers mélangés, qui, à l’origine, n’avait, lui aussi, qu’un seul acteur et qu’Eschyle pourvut d’un second, puis d’un troisième récitant et qui finit par avoir, avec Sophocle et Euripide, autant d’acteurs que de personnages.
Ces différences extérieures ou foncières n’empêchent pas qu’épos et tragédie soient semblables par les nécessités qui, en tous temps et